Étiquette : Peuple

  • Les 6 blocs, et la honte

    Les 6 blocs, et la honte

    La rhétorique électorale actuelle, facilitée par les « alliances » et adoptée par tous (car permettant de densifier la nature conflictuelle des enjeux), en présentant trois grandes forces en présence (Union de la Gauche, Ensemble, et Rassemblement National & alliés) nous fait encore et toujours manquer une partie de la réalité (sujet déjà abordé dans déni des centres). Il n’y a pas trois blocs, mais bien 6 (dont certains presque vides), qu’il est utile de considérer et de distinguer, malgré les alliances.

    Les 6 blocs

    Commençons par nous entendre : je garde le terme « extrême » pour désigner des mouvances politiques violentes, anti-parlementaristes (ne respectant les urnes que si elles leur sont favorables), et véhiculant des idées intolérantes à l’égard de certaines catégories de citoyens, sur la base non de leurs actes mais de leur appartenance à un groupe social, culturel ou ethnique.

    • L’extrême-gauche : LFI, associés aux islamistes et autres nervis antifas. Ce qu’on pourrait appeler l’islamo-gauchisme. Violence assumée, appel à ne pas suivre les résultats si le RN passe, antisémitisme à peine caché, voire assumé. Le PS, en rejoignant l’Union des gauches, tend donc la main à cette extrême-gauche. Du fait de cette alliance, endroit très hétérogène du champ politique
    • la gauche: La partie du PS qui refuse l’alliance avec les extrémistes de gauche. Ensemble presque vide, puisque visiblement ils vont presque tous soutenir l’UG. Probablement pas au niveau des électeurs.
    • le centre gauche : La Macronie, pour faire vite, et une partie du PS, avec quelques porosités avec le centre-droit. Appelé « extrême-centre » par certains car ils ont démontré (pas plus pas moins que les autres à vrai dire) leur attachement à géométrie variable, tout relatif, au respect des libertés, au respect de la souveraineté française vis-à-vis des institutions UE. Fond culturel socialiste & constructiviste, mondialiste, libéral économiquement par nécessité. Extrême-centre aussi parce que très visiblement plus intéressé par la conservation du pouvoir coûte que coûte (soutien à ceux qu’ils traitaient d’antisémite une semaine plus tôt), que la défense des intérêts des français.
    • le centre droit : les LR compatibles avec Macron, pour faire vite à nouveau. Même fond culturel, avec un nuance plus à droite sur les questions de société (il faut le dire vite, quand on regarde Pécresse ou Dati, ou Bertrand).
    • la droite : le RN & les LR canal RPR (même si le RN est plutôt plus socialiste sur le plan économique). Du fait de ce mélange des genres (LR plus libéral, type Bellamy & Lisnard, et RN plus à gauche), à nouveau pôle très hétérogène. La grande majorité des électeurs.
    • l’extrême-droite : il n’y pas d’extrême-droite en France en 2024. Au sens défini plus haut. Les récits en boucle des journalistes et du pouvoir pour effrayer le bon peuple n’y changent rien : le RN n’appelle pas à la violence (contrairement aux extrémistes de gauche), respecte le choix des électeurs et des urnes, condamne toutes les formes d’antisémitisme ou de racisme.

    Il ne faut pas oublier toute la clique des non-alliés/affiliés de droite et de gauche (souverainistes pro-frexit, divers droites, divers gauches, etc.) : cela représente quand même plus de 12% des votes exprimés au premier tour. Il est possible qu’ils jouent un rôle non-négligeable dans plusieurs triangulaires, mais je n’ai pas le temps d’aller regarder ça en détail.

    La honte

    Nous nous acheminons donc, sauf très grande surprise, vers une « victoire » de la Gauche élargie (de l’extrême jusqu’au centre), réussissant à ne donner au RN qu’une majorité relative. Je mets « victoire » avec des guillements, car c’est une défaite morale impardonnable pour le PS & la Macronie : soutenir l’extrême-gauche pour s’agripper à leur pouvoir, nier l’évidente tendance de la volonté populaire (regarder la carte des votes aux européennes), user de tous les mensonges éculés, rejouer pour la centième fois le « théâtre antifasciste » ; tout cela est proprement honteux. C’est une trahison du peuple, et des actes qui poussent encore un peu plus la population vers la guerre civile. Ils agitent des peurs et des menaces dont ils sont, de fait, les principaux artisans. Honte à la gauche et au centre-gauche. Honte aussi aux LR incapables de suivre Ciotti dans sa démarche courageuse d’union des droites.

  • Je n’ai pas dit mon dernier mot

    Je n’ai pas dit mon dernier mot

    Eric Zemmour partage dans « Je n’ai pas dit mon dernier mot » son éclairage et son analyse de l’année de campagne pour les élections présidentielles. C’est une belle manière de « conclure » le précédent ouvrage, « La France n’a pas dit son dernier mot« . Ce livre est très agréable à lire, fluide, percutant.

    Toujours là !

    Eric Zemmour parvient à éviter très simplement deux écueils qui auraient pu rendre ce livre inutile, voire insupportable : le narcissisme, et le règlement de compte. Il reste égal à lui-même : direct, fin analyste, sincère sur tous les sujets, mêlant humilité et ambition. Et c’est une très intéressante plongée dans la réalité d’une campagne présidentielle.
    J’ai trouvé son analyse historique et géopolitique sur le conflit russo-ukrainien tout à fait passionnante, et riche. Je continue à penser que cet homme-là, doit avoir une place dans la vie politique. Nous verrons de quoi l’avenir des boutiques & partis politiques sera fait. Mais les idées, les constats, les solutions que proposent Zemmour, sans nécessairement toutes me satisfaire, me semblent adossées, et articulées, avec le seul vrai sujet structurant, et dont tous les autres dépendent : le Grand Remplacement, autre nom de la déferlante migratoire qui transforme notre pays depuis 40 ou 50 ans. Identitaire, culturelle, civilisationnelle, je partage avec Zemmour l’idée que c’est LE combat à mener. Avec deux-trois autres sur lesquelles je pense pouvoir adhérer aussi à ses pistes de solutions (souveraineté, industrialisation, éducation). On voit bien, à la lecture, que Zemmour a décidé d’inscrire son action et celle de Reconquête! dans la durée, avec son triptyque idées-actions-élections.

    Glaçant

    L’éclairage apporté de l’intérieur par le candidat à la présidentielle est assez glaçant car il confirme, pour ceux qui auraient pu encore en douter, que les journalistes, dans leur ensemble, sont là pour désinformer, orienter, manipuler l’opinion, au service du pouvoir ou du politiquement correct. Il faut supprimer toutes formes de subventions aux médias. La somme de petites bassesses, de petits accommodements avec la vérité fait froid dans le dos, et je trouve le chapitre « Vérité ou radicalité ? » tout à fait excellent.

    Extrait

    Pour vous donner envie de lire cet ouvrage, je vous en partage pour finir un extrait.

    « N’est pas le général de Gaulle qui veut. » Je lis l’interview accordée par Laurent Fabius au Parisien et je n’en reviens pas. En pleine campagne, le président du Conseil constitutionnel est sorti de la réserve qui doit être la sienne. Et de quelle manière ! Laurent Fabius prévient sans ambages : contrairement à ce qu’avait osé le général de Gaulle avec ses référendums, le président élu en 2022 ne fera pas tout ce qu’il voudra, le peuple ne sera pas souverain, le Conseil constitutionnel veillera au grain. Je comprends tout de suite que je suis visé. C’est d’ailleurs ainsi que les journalistes l’ont présentée et c’est pourquoi j’y ai tout de suite répondu : « Ce sera le peuple qui décidera, et pas le président du Conseil constitutionnel. »
    Depuis le début de la campagne, et même bien avant, j’avais inlassablement dénoncé le dévoiement de l’Etat de droit par les juges. C’est un sujet qui me passionne depuis des années ; je le perçois comme le noeud gordien qu’il faudra trancher ; j’y ai même consacré un livre, intitulé Le coup d’Etat des juges, dès 1997.
    L’argumentaire du président du Conseil constitutinnel ici est d’ailleurs la preuve éclatante de ce que j’avançais alors. Selon lui,  » l’une des caractéristiques des démocraties avancées comme la nôtre, c’est que la loi, qu’elle soit votée par le Parlement ou le fruit d’un référendum ne peut pas faire n’importe quoi (c’est qui souligne) et qu’elle doit être conforme à la Constitution et aux grands principes. C’est le rôle du Conseil constitutionnel mis en place par la Ve République de veiller et de contrôler cette conformité. »
    Il faut décortiquer avec soin le propos de Laurent Fabius pour comprendre ce qu’il contient de scandaleux. Le président du Conseil constitutionnel nous dit que le peuple souverain, qui exprimerait sa voix par référendum, pourrait faire « n’importe quoi » ; c’est donc à lui, et aux huit autres juges non élus, de déterminer si, oui ou non, le peuple a fait n’importe quoi. Comprenez bien : 99,99% des Français pourraient voter pour une réforme que Laurent Fabius continuerait de se réserver le droit de censurer leur volonté. Et il ose utiliser le mot « démocratie » pour défendre une telle aberration. (…)
    Si j’avais été au second tour, j’aurais fait de cette question l’un des sujets majeurs du débat avec le président sortant : sommes-nous toujours une démocratie, c’est-à-dire un régime où le peuple a le dernier mot, ou sommes-nous dirigés par une oligarchie technocratique et juridique ? La question est cruciale pour nos institutions, pour notre souveraineté économique et pour la protection de nos entreprises. Elle est brûlante pour tout ce qui a trait aux droits des étrangers. Pour les juges, les droits de l’homme supplantent désormais les droits des citoyens. Cette orientation mondialiste du droit contemporain interdit toute politique qui voudrait bloquer les flux migratoires et combattre enfin sérieusement le Grand Remplacement àl’oeuvre.
    Il reste une ultime résistance à cette mainmise du droit sur la démocratie : le référendum. C’est le seul moyen d’instaurer une véritable politique d’immigration qui ne soit pas empêchée par les innombrables « droits » accordés aux étrangers par les jurisprudences successives. Bref, de rendre à l’Etat, donc au peuple français, la maîtrise de sa politique d’immigration concédée aujourd’hui aux immigrés eux-mêmes. Je le propose depuis vingt-cinq ans et l’ai défendu tout au long de la campagne. Il faut dire qu’en matière d’immigration, ne pas utiliser l’arme du référendeum signifie ne toucher à rien. Après la tribune de Laurent Fabius, j’eus une conversation intéressante avec mon équipe. Nous nous étions dit que le programme que nous portions ne pouvait s’imposer que si nous étions, au pouvoir, en mesure de convoquer un référendum. Avoir un groupe à l’Assemblée nationale ne nous servirait à rien, car nos travaux, même s’ils étaient acceptés par les autres députés (ce qui était déjà fort peu probable), seraient de toute façon censurés par le Conseil constitutionnel. Que la seule arme dont notre peuple disposait contre son remplacement, c’était sa propre voix, via le référendum.
    Ce 25 janvier, Laurent Fabius n’avait pas parlé au hasard. En fermant cette ultime issue démocratique qu’est le référendum, Laurent Fabius interdisait d’avance à notre pays d’échapper au Grand Remplacement, qui l’étreint chaque année d’avantage, et pour cela, il changeait subrepticement la nature de nos institutions.
    Il disait en quelques mots que l’élection présidentielle ne servait à rien, et que la campagne qui la précédait était vaine. Ils appellent cela « l’Etat de droit », j’appelle cela un coup d’Etat.
  • Désillusions

    Désillusions

    On se console comme on peut : disons que cette année m’a permis d’apprendre. Mais elle m’a surtout conduit à  ouvrir sur les yeux sur un certain nombre de réalités, dures, qu’un caractère optimiste comme le mien tenait soigneusement à  l’écart de son champ cognitif. Vous me trouverez peut-être bien naïf d’avoir pu entretenir ces illusions jusqu’à  un âge aussi avancé, et vous aurez raison. Mieux vaut tard que jamais ? Voici donc, dans le désordre, quelques fausses vérités qui ont volé en éclat.

    Les élites et le bien commun

    J’avoue que cette vérité avait déjà  été fissurée depuis longtemps. Pierre Mari m’avait permis de mettre des mots en plus sur cette illusion. Les exemples sont – trop – nombreux. Les Gilets Jaunes molestés par le pouvoir. Les terroristes que l’on laisse courir sur notre sol, et infiltrer nos institutions. Ces mots dont on interdit l’usage, ce qui est une violence symbolique extrême. Il faut se rendre à  l’évidence, cruelle. Une bonne partie de nos élites, dont nos dirigeants, n’est en rien intéressée par le sort de la France, ou par une quelconque forme de bien commun. Leur seule préoccupation : comment se maintenir en place pour exercer le pouvoir. Le pouvoir en tant que tel les intéresse beaucoup plus que leur peuple. La communication, les flots de communication, leur sert de levier de manipulation, quitte à  dire l’inverse d’un jour à  l’autre. Peu importe. Seul compte le pouvoir.

    La première chose qu’il faut faire, c’est prendre soin de votre cerveau. La deuxième est de vous extraire de tout ce système (d’endoctrinement). Il vient alors un moment où ça devient un réflexe de lire la première page du L.A. Times en y recensant les mensonges et les distorsions, un réflexe de replacer tout cela dans une sorte de cadre rationnel. Pour y arriver, vous devez encore reconnaître que l’Etat, les corporations, les médias et ainsi de suite vous considèrent comme un ennemi : vous devez donc apprendre à  vous défendre. Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle.

    Noam Chomsky (1928 – ) linguiste américain

    C’est le mot ennemi qui est dur à  accepter dans cette phrase. Cette année m’a fait prendre conscience que c’est malheureusement souvent vrai, notamment en ce qui concerne les dirigeants et les médias. Pour l’auto-défense intellectuelle, il y a des cours, et des routines à  mettre en place. Cela ne change pas la dure réalité. Les élites sont obsédées par le pouvoir. Jusqu’à  l’exercer de manière absurde : qui n’a pas avec l’année passée de nombreux exemples de « l’absurdistan » dans lequel nous sommes rentrés ?

    Le peuple et la liberté

    J’avais en tête, et je l’ai écris, et j’y ai cru, que le peuple français avait des ressources, et des réserves d’énergie, pour défendre cette sacrée liberté qui figure en tête de notre devise. Force est de constater que non. Dans leur grande majorité, les français sont devenus un peuple de mouton, très politiquement correct, et surtout soucieux de rester bien conforme et socialement irréprochable. Les masques dans la rue, ou sur le nez des enfants en sont le symbole, mais il y a de multiples autres exemples plus graves : les attaques au couteau journalière, le vandalisme, la tolérance à  l’égard de l’intolérable. Tout cela devrait mettre les gens dans la rue, mais non. A minima faire basculer les élections. Mais non. Bien sûr il y a des résistants. Mais je pensais que le réveil des français viendrait en touchant le fond. Le fond est touché depuis longtemps, et nous ne rebondissons pas. Ou pas assez vite, pas assez fort, pas assez nombreux. La conformité – ne pas pouvoir être traité de « facho » – est devenu plus importante que la liberté ; et plus importante aussi que la raison.

    Les gens et la vérité

    J’avais en avril 2020 tiré quelques enseignements de la crise « COVID ». Je n’en retranche rien avec le temps. Mais, dans la durée, d’autres leçons, plus dures, ont fait leur apparition. Dans les échanges – nombreux! – que j’ai pu avoir sur le sujet, certains arguments reviennent souvent.
    – vous êtes d’accord pour dire que le masque dans la rue ne sert à  rien, tout de même ?
    – oui, bien sûr !
    – mais alors pourquoi est-il obligatoire de le porter depuis plus d’un an ?
    – parce que les gens sont cons, pas nous bien sûr, mais pour certains il faut rendre obligatoire dans la rue pour qu’ils pensent à  le mettre en entrant dans les magasins…

    Quelle étonnante manière d’afficher son sentiment de supériorité, et quelle horrible procédé consistant à  faire des choses inutiles avec les autres pour s’abaisser soi-disant à  leur niveau. Les gens sont cons, mais pas moi, et pas non plus le gouvernement (dont on sait par ailleurs à  quel point il a accumulé des erreurs et les fautes) ?

    Un autre argument revient souvent :
    – il n’y a aucune preuve que les confinements servent à  quoi que ce soit, alors qu’on connait les dégâts qu’ils causent, il faut donc arrêter avec cette folie de confiner des gens en bonne santé et peu fragiles…!
    – Mais si ça ne sert à  rien de confiner, pourquoi tout le monde l’a fait ?
    – mais tout le monde ne l’a pas fait : regardes la Suède, regarde certains Etats des US, regarde certaines régions d’Espagne, etc..
    – oui, mais ce n’est pas la même chose…

    On est en pleine dissonance cognitive : il faut maintenir coûte que coûte l’idée que tout le monde l’a fait, c’est-à -dire que c’est la seule option. Alors que la peur et la panique suffisent à  expliquer en partie ce qui s’est passé. Au début du moins. Il est irrationnel de croire que les humains sont purement rationnels. Depuis cet été, c’est un mélange de peur et de bêtise. Car nous avons appris depuis un certain nombre de choses.
    Ce qui est choquant c’est la manque de capacité à  revenir sur terre une fois passée la panique. Cela traduit deux choses à  mon sens : un manque de travail d’information, et un grand besoin de conformité. Quelle tristesse ! Je pensais que mes compatriotes étaient des rebelles, un peu rétifs à  l’ordre, gaulois, latins, et je me rends compte que, collectivement, nous ne sommes qu’une bande de petits moutons bien sages, prêts à  se soumettre à  n’importe quelle idiotie pourvu que cela nous permette de ne pas sortir du rang.
    Jean-Dominique Michel en parle très bien son interview passionnante sur France Soir. A écouter.

    Le réel et nous

    Il y a une forme de perversité à  continuer à  ne pas voir le réel, un an après. Les gens détestent quand on dit que globalement la covid a fait à  peu près le même nombre de morts que les grippes. C’est pourtant la stricte vérité, et ça ne veut pas dire qu’on s’en fout des morts, ça veut dire qu’on a sur-réagi. Il faut avoir l’humilité de le reconnaître. Ce manque de capacité à  reconnaitre qu’on s’est trompé, traduit une grande peur de l’échec. On sait que le masque est inutile, mais aller contre ça c’est se signaler comme « politiquement incorrect ». C’est une forme de perversité : on sait que les masques ne servent à  rien, mais on continue à  les imposer alors qu’on connait leurs défauts. Pareil pour le confinement. Cette perversité est celle des idéologues que le réel n’intéresse pas. Et c’est pervers car cela conduit certains, dont je suis, à  suivre des règles absurdes tout en les condamnant.

    Voilà  donc quelques vérités douloureuses qui ont volé en éclat depuis un an ou deux (tout n’est pas lié qu’au COVID). Les élites sont en partie malfaisantes. Les français ne sont pas si attachés que cela à  leur liberté. Ni à  la raison. « Winter is coming ». Cela m’a donné l’occasion de méditer, et de comprendre, la citation que mon frère Max m’avait passé il y a longtemps : on a beau vouloir se consoler, on n’y parvient pas toujours.

    Ce que le temps apporte d’expérience ne vaut pas ce qu’il emporte d’illusions.

    Jean Antoine Petit-Senn (1792 – 1870) poète d’origine Genevoise

  • Êtes-vous populistes ?

    Êtes-vous populistes ?

    C’est quoi, un « populiste » ? Pourquoi les médias mainstream accusent certains dirigeants d’être des populistes ? Qu’est-ce qui permet de catégoriser comme cela ? Ce mot est-il une insulte, ou un qualificatif neutre ? La définition de « populisme » est simple : « Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu’entité indifférenciée. » C’est la référence au « peuple » qui fait le populiste, la racine du mot le dit bien.

    Au dictionnaire

    Il est donc utile d’ouvrir un dictionnaire pour comprendre les différents sens de ce mot, et avancer dans la réflexion. Un des très bons dictionnaires en ligne, que je vous recommande d’ajouter dans vos favoris, c’est le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL). Voici un condensé de ce qu’on peut trouver à  l’entrée peuple (j’ai trié et je n’ai gardé que ce qui semble alimenter la réflexion politique) :
    A.
    1. Ensemble des humains vivant en société sur un territoire déterminé et qui, ayant parfois une communauté d’origine, présentent une homogénéité relative de civilisation et sont liés par un certain nombre de coutumes et d’institutions communes.
    2. P. ext. Ensemble de personnes qui, n’habitant pas un même territoire mais ayant une même origine ethnique ou une même religion, ont le sentiment d’appartenir à  une même communauté.
    B.
    1. (…)
    2. a) Ensemble des individus constituant une nation (…), vivant sur un même territoire et soumis aux mêmes lois, aux mêmes institutions politiques.
    b) [P. oppos. aux gouvernants] Partie de la nation soumise à  une autorité ayant le pouvoir politique.
    3. [Le peuple institutionnalisé et doté d’une physionomie juridique] Ensemble des citoyens d’un pays qui exercent le droit de vote pour désigner leurs gouvernants.
    C.
    1. Le peuple. L’ensemble des personnes qui n’appartiennent pas aux classes dominantes socialement, économiquement et culturellement de la société.♦ Péj. Ensemble de personnes caractérisées par la vulgarité, le manque de distinction des manières quelle que soit la classe sociale à  laquelle elles appartiennent.

    Si je résume : le sens A est le peuple au sens anthropologique, le sens B est le peuple au sens juridique et politique et le sens C, prolongeant une nuance déjà  un peu comprise dans le sens B (l’opposition entre les gouvernants et le peuple), est le peuple au sens marxiste, c’est-à -dire pensé dans un rapport de domination (opposition classes dominantes/classes dominées).

    Qu’est-ce donc qu’un populiste, qui se réclame du peuple, ou qui est déclaré tel par ses adversaires ou ses soutiens ? Cela peut prendre, au vu de la définition, plusieurs sens. Ils sont tous susceptibles d’être pris négativement ou positivement, selon le point de vue adopté. J’essaye de dérouler ces possibilités ci-dessous, n’hésitez pas à  réagir en commentaire pour prolonger la discussion. Le mot « populisme« , dans ses racines littéraires et historiques, résonne avec les sens B et C : description des milieux populaires en littérature (au sens de milieux pauvres/non dominants), et mouvement de la paysannerie contre le pouvoir tsariste.

    Civilisations vs Multiculturalisme

    Sur le plan anthropologique (sens A), il me semble clair qu’un populiste sera celui qui défend d’abord les intérêts d’un peuple particulier, d’une civilisation. Dès lors, il aura pour adversaire ceux qui défendent une autre civilisation, ou ceux qui pensent qu’il n’y a qu’une civilisation mondiale, et que les civilisations sont miscibles. Pour caricaturer, en France, quelqu’un qui se positionnerait pour défendre la culture française et la civilisation occidentale avant toute chose, aurait sur le dos les islamistes et autres particularistes, et la clique de diversitaires multi-culturalistes. Un populiste sur cette maille là  est quelqu’un qui reconnait à  sa culture propre et à  sa civilisation des caractéristiques, des particularités, qui lui paraissent importantes à  conserver, et à  transmettre. Sur ce plan, il me semble assez sain d’être populiste.

    Citoyens vs Dirigeants

    Au sens juridique (sens B) et civique, le populiste sera celui qui veut parler au nom d’un peuple définit par le fait d’être soumis aux mêmes lois et aux mêmes institutions. Il aura comme adversaire ceux qui veulent, dans la communauté nationale, vivre avec d’autres lois, d’autres institutions, ou ceux qui pensent que les institutions actuelles sont tellement mauvaises, qu’il faut complètement en changer. Il aura donc sur le dos, les islamistes – encore eux -, les séparatistes, et les « révolutionnaires » partisans de la table rase. Selon la définition, il sera aussi le porte-parole des citoyens, par opposition aux gouvernants. Le populiste aura, potentiellement aussi comme adversaire, les actuels tenants du pouvoir (quels qu’ils soient). Sur ce second plan, juridique, il me semble aussi assez sain d’être populiste.

    Plèbe vs Elites

    Le sens C de la définition, marxiste, repose sur l’opposition, ou le rapport de force/domination entre les élites et le reste du peuple, la plèbe. Dans ce sens, le peuple c’est tout le monde, moins ceux qui ont une place dominante dans la société (sociale, politique, intellectuelle, économique, financière, etc..). Le populiste, dans ce sens marxiste, est celui qui se présentera comme parlant au nom des dominés, de ceux qui ne sont rien, par opposition aux élites. Cette forme est devenue présente, en partie je crois à  cause de la diminution progressive du mérite des élites, et en partie à  cause de la perte de mobilité sociale. Quand quelqu’un est en situation privilégiée, grâce à  ses efforts, à  ses qualités, et à  son exemplarité, cela ne suscite en général, à  part chez les jaloux et les marxistes, pas de colère parmi le peuple. Quand les plus démunis, peuvent, par leurs efforts, espérer progresser dans la société, et s’y faire une place, les élites ne sont pas uniquement les rentiers de leur naissance. Mais quand ceux qui profitent d’une situation plus que favorable sans que la justification de cette situation soit évidente, alors les autres, le peuple, se rebellent et y voient une forme de domination abusive, d’autant plus que ces situations leurs sont inaccessibles. Le populiste, dans ce sens, aura comme adversaires les fausses élites, les planqués du système, et les apparatchiks. Cette déception légitime a été très bien décrite par Ivan Rioufol, et par Pierre Mari. Je n’y reviens pas ici. Ce sens du mot populisme, à  nouveau me parait légitime.

    Je suis populiste

    Même si je ne partage pas cette grille de lecture marxiste de la société, force est de reconnaitre que notre société est noyautée par une classe dominante qui ne comprend plus les aspirations du peuple. La crise des Gilets Jaunes l’a montré. Une partie des politiciens, des journalistes, des intellectuels, des dirigeants d’entreprise ne vit plus, et ne voit plus, la réalité du pays et des problèmes concrets que rencontrent leurs concitoyens. Il est temps de voir surgir un populiste qui parle, au nom des citoyens, d’identité, de culture française et occidentale, d’immigration, de l’extension abusive de la place de l’Etat, de la perte de souveraineté nationale. Si le populiste est celui qui a comme adversaires les islamistes, les révolutionnaires, les multi-culturalistes, les diversitaires, les élites partisanes du statu-quo social, alors je suis populiste.

    Beaucoup d’autres pays, en proie aux mêmes problèmes, ont vu émerger des dirigeants populistes. A quand pour la France ?

  • En pays défait

    En pays défait

    J’ai l’habitude, quand je lis un livre, de corner les pages où figurent des phrases ou des passages intéressants. Autant vous dire qu’avec le livre de Pierre Mari, « En pays défait », j’ai corné presque toutes les pages, tant les formules claquent et tapent juste, et tant j’ai ressenti d’émotions fortes à  la lecture. C’est remarquablement écrit, et le propos est d’une justesse rare. Je me sens très proche de ce qu’écrit Pierre Mari, et il a magnifiquement formulé, dans une langue subtile et précise, le sentiment que nous éprouvons (je dis nous, car je crois que nous sommes nombreux à  ressentir ainsi les problèmes de notre temps).

    Lettre ouverte aux élites déracinées

    Son livre est une lettre ouverte à  des « élites » (il prend la peine de préciser cela par la suite) qu’il considère à  juste titre déconnecté de la réalité de leurs concitoyens, englués dans le politiquement correct, inaptes à  dire et à  incarner une forme d’histoire collective. J’y ai retrouvé beaucoup d’éléments communs avec ce qu’explique Mathieu Bock-Côté sur le politiquement correct, et la perte de capacité à  simplement penser notre identité nationale.

    La lecture de ce livre a éclairé de manière particulière le roman rocambolesque que je venais de terminer, à  savoir le très drôle « En attendant le roi du monde », d’Olivier Maulin. C’est un roman qui raconte le voyage farfelu, la fuite désespérée de personnages en manque d’aventures, d’épopée, de transcendance, de sens. Je vous recommande au passage ce très bon roman, déjanté, provocateur, hilarant, et plus profond qu’il ne veut paraître. Le point commun avec le livre de Pierre Mari ? Il raconte la manière de vivre d’occidentaux qui ont perdu leur enracinement, et le sens de leur identité. Pierre Mari fait d’ailleurs l’apologie des identités assignées, non choisies. L’émancipation vers l’universel est une belle chose, mais pas en reniant nos racines.

    Cela m’a aussi fait penser à  ce qu’écrivait Chesterton à  propos de la famille, institution sociale majeure selon lui, puisqu’elle force à  embrasser, pour le meilleur et parfois le pire, ce qu’est l’humanité dans toute sa richesse, sa complexité, sa dureté aussi. Pas besoin d’aller au bout du monde pour vivre l’aventure, il suffit de parler politique avec son voisin, sa femme de ménage, ou son oncle.

    En quête de récit et de sens

    Il y a des pages magnifiques dans le livre de Pierre Mari sur le sens du langage, sur son utilisation pour dire et construire le réel en même temps. Nous avons besoin de narration, car le réel n’existe pas, pour les êtres de sens que nous sommes, sans narration. Cela est très bien exprimé aussi par Sylvain Tesson dans son interview chez Philippe Bilger. J’y vois une proximité également avec la volonté d’un Eric Zemmour de raconter, à  nouveau, une histoire de France.

    Ce sens perdu par les « élites » de la narration, et de la proximité avec le peuple n’est pas présent que dans la politique ou dans les médias. Il est aussi à  l’oeuvre dans les entreprises, et j’ai retrouvé là  des similitudes avec les attaques contre la « vulgate managériale » d’un Dominique Christian. La proximité avec le peuple n’est pas que dans le langage, bien sûr, mais aussi dans le rapport au réel. Les idéologues de tout poil ne se soumettent plus au réel, que la plupart des gens pourtant voient et vivent au quotidien.

    Eloge du conflit civilisé

    J’ai conscience d’avoir réuni dans mon billet une troupe hétéroclite d’auteurs, qui probablement ne se pensent pas comme ayant le même point de vue. Justement, Pierre Mari regrette que les différents points de vues ne soient plus visibles, ne se frottent plus, ne s’incarnent plus dans l’espace public au travers d’élites capables de dire ces vérités différentes, complémentaires, qui lorsqu’elles sont obligées de se taper dessus permettent l’existence d’un champ commun, dont aucun courant n’est exclu, ni exonéré de justifier et d’argumenter ses positions. C’est une condition indispensable de l’existence de la société et de la politique.

    Je ne saurais assez vous recommander la lecture de ce livre, qui se dévore littéralement. Il est formidablement bien écrit, fin et puissant. Je crois, pour le dire un peu vite, qu’il contient et dit très bien ce qu’était, dans ma compréhension, l’esprit et l’âme du mouvement des Gilets Jaunes. Espérons que cet esprit ne soit pas mort, et qu’il renaîtra sous une forme ou une autre.

  • Citation #81

    Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de le satisfaire à  la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leurs tuteurs.
    Alexis de Tocqueville (1805-1859) philosophe politique, politiste, précurseur de la sociologie et homme politique français