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  • L’Ă©pidĂ©mie est terminĂ©e

    L’Ă©pidĂ©mie est terminĂ©e

    Depuis presque 2 mois, l’Ă©pidĂ©mie est terminĂ©e. Pourquoi continuons-nous donc à  porter des masques, et à  compter anxieusement le nombre de cas ? Le plus simple pour le comprendre est de regarder la rĂ©alitĂ©, et les donnĂ©es disponibles : une remarquable vidĂ©o d’Ivor Cummins donne beaucoup d’Ă©lĂ©ments factuels et d’arguments.

    Folie sanitaire ?

    Depuis le dĂ©but de l’Ă©pidĂ©mie, j’avoue que je regarde rĂ©guliĂšrement (j’avais arrĂȘtĂ©, et j’ai repris) le nombre de morts en France liĂ© à  la COVID. Depuis fin mai, il est tombĂ© presque à  zĂ©ro. Tout l’Ă©tĂ©, j’ai entendu des gens dans les mĂ©dias prĂ©dire une « seconde vague », sans que jamais cela soit confirmĂ©. L’augmentation du nombre de cas actuelle ne m’a pas inquiĂ©tĂ© : il parait logique lorsque l’on teste beaucoup, et que la population s’est « dĂ©confinĂ©e », que le nombre de cas explose. Cela ne fait pas plus de morts pour autant, et c’est tant mieux ! Mais l’hystĂ©rie collective est trĂšs fatiguante, pesante mĂȘme. Je me sens comme isolĂ© de ne pas cĂ©der à  la folie. Je suis persuadĂ© que les masques ne servent à  rien, et je trouve excessive les mesures sanitaires actuelles. Cela peut mĂȘme devenir un sujet de conflit avec des proches, ou des collĂšgues, en tout cas de dĂ©saccord. J’ai eu sur Twitter des dĂ©saccords avec des gens que j’apprĂ©cie par ailleurs, et dont je ne mets absolument pas en cause l’honnĂȘtetĂ© intellectuelle. J’ai donc cherchĂ© un peu, et je suis vite tombĂ© sur une vidĂ©o qui regroupe plein de donnĂ©es, d’arguments, et qui les expose de maniĂšre simple et directe. Comme elle est en anglais, j’ai repris ici quelques Ă©lĂ©ments clĂ©s.

    Des faits, des faits, des faits !

    Vous le savez si vous lisez ce blog, je prĂ©fĂšre rĂ©flĂ©chir à  partir d’Ă©noncĂ©s sur le rĂ©el, en tout cas en acceptant que mes idĂ©es et thĂ©ories puissent ĂȘtre contredites par le rĂ©el.

    Voilà  une liste non-exhaustive de constats et d’arguments, basĂ© sur des chiffres. Je suis prĂȘt à  remettre en cause telle ou telle affirmation, mais c’est une bonne base pour Ă©changer de maniĂšre rationnelle. Les chiffres entre parenthĂšses renvoient à  l’endroit de la vidĂ©o concernĂ©.

    • Dans les pays europĂ©ens, l’Ă©pidĂ©mie est terminĂ©e depuis juin. Le nombre de morts liĂ©s à  la COVID est tombĂ© presque à  zĂ©ro (2:03)
    • Il est trĂšs important de ne pas regarder uniquement le nombre de morts liĂ©s à  la COVID, mais Ă©galement le nombre de morts total par rapport au nombre de morts « habituels ». Il apparait que pour pas mal de pays, l’hiver avait Ă©tĂ© plutĂŽt clĂ©ment en termes de victimes de la grippe saisonniĂšre, et la COVID a donc eu un impact « de rattrapage » : les populations les plus faibles qui n’Ă©taient pas mortes en hiver ont Ă©tĂ© les premiĂšres emportĂ©es par l’Ă©pidĂ©mie. (4:31 et 8:44)
    • Toutes les prĂ©visions faites par les « experts » sur la base de modĂšles au dĂ©but de la pandĂ©mie Ă©taient outrageusement exagĂ©rĂ©es (au moins un facteur par rapport à  ce qui s’est passĂ©) (5:45)
    • Il faut remettre en perspective l’Ă©pidĂ©mie de COVID par rapport aux nombres de morts des autres Ă©pidĂ©mies, ou des fluctuations habituelles saisonniĂšres. Le pic de la COVID est à  peine distinguable sur la courbe de temps long : oui, on peut maintenant dire qu’il s’agit d’une Ă©pidĂ©mie de type « grippe sĂ©vĂšre » (je ne prĂ©tends que l’on pouvait le dire en mars) (8:03)
    • Il est fort peu probable que les mesures de confinement et de port de masque dans l’espace public aient un quelconque impact sur la COVID (13:21, 15:35 pour le tableau rĂ©cap des arguments, 19:50 pour la comparaison de pays qui ont confinĂ© et d’autres non)
    • Il y a des diffĂ©rences d’allure des courbes d’Ă©pidĂ©mie en fonction de la latitude. La courbe pour les rĂ©gions tropicales est plus Ă©talĂ©e. Cela permet de trĂšs bien dĂ©crire les courbes des pays d’AmĂ©rique du sud, et mĂȘme d’analyser la courbe des USA, qui comporte deux bosses : c’est la superposition de la courbe habituelle (nord des USA) et celle plus Ă©talĂ©e typique du sud (Sud des USA) (21:00)
    • Dans tous les pays, nous assistons maintenant à  une « épidĂ©mie de cas » (casedemic) : le nombre de cas explose, mais sans aucune mortalitĂ© associĂ©e. L’Ă©pidĂ©mie est finie, et le virus continue de circuler, sans faire de victimes (France : 28:00)
    • Sur un exemple, l’auteur montre comment la seconde vague tant « attendue » est probablement le fait de revenir sur les nombres normaux de morts à  cette Ă©poque de l’annĂ©e (31:52). Il est possible que ces mesures jamais vues auparavant (confinement, masque, etc.) aient Ă©galement, une fois l’hiver arrivĂ©, des effets nĂ©gatifs : en empĂȘchant la circulation habituelle des virus dans la population, nous avons peut-ĂȘtre aussi diminuĂ© la production de dĂ©fense immunitaire habituelle par brassage. Si cette hypothĂšse est vraie, les pays les moins observants devraient ĂȘtre moins touchĂ©s cet hiver…

    Tous ces Ă©lĂ©ments conduisent à  penser qu’il faut garder la tĂȘte froide, et revenir à  une vie normale. Pourtant, ce n’est pas le cas, et il semble mĂȘme, au vu des mesures sanitaires actuelles, que c’est l’inverse.

    Pourquoi ?

    J’ai regardĂ© pas mal de choses à  droite à  gauche. Je dois reconnaĂźtre que les mĂ©dias ont plutĂŽt fait leur job. Les contradicteurs ont eu la parole, et on trouve beaucoup de propos de bon sens sur les rĂ©seaux sociaux, repris des mĂ©dias main-stream. Je crois que nous sommes plutĂŽt en face d’une forme de prophĂ©tie auto-rĂ©alisatrice : j’oblige le port du masque pour une supposĂ©e Ă©pidĂ©mie en train de repartir, et comme il y a des masques partout il parait Ă©vident à  tous que l’Ă©pidĂ©mie n’est pas terminĂ©e. Pourquoi porter des masques sinon ? Voici quelques causes possibles à  cette maniĂšre de fonctionner :

    • Le principe de prĂ©caution n’a pas de limite : on peut toujours faire plus pour se protĂ©ger. Ce qui compte, c’est la balance bĂ©nĂ©fice/risque. La vertu de prudence, je le rappelais ici, devrait pourtant nous inciter à  agir de maniĂšre raisonnĂ©e
    • La peur est un puissant levier ; personne n’a envie de mourir, ou de mettre en danger ses proches, ou les plus fragiles. Il est donc facile d’adopter des comportements peu contraignants dans cet objectif louable (ce n’est pas si grave de porter un masque). Il me semble que c’est, à  nouveau, oublier de prendre en compte les impacts nĂ©gatifs sur l’Ă©conomie et le moral de toutes ces mesures de confinement, port de masques, interdiction de ceci et de cela, qui n’ont aucune assise rationnelle…Elles avaient un sens en mars, car nous ne savions pas à  quoi nous avions affaire, elles n’en ont plus aucun dĂ©sormais.
    • Je me rends compte, en discutant à  droite à  gauche, que la plupart des gens ne prennent pas la peine de s’informer, de lire, de comprendre, de douter. Il y a pourtant pleins de gens qui dĂ©ploient des trĂ©sors d’intelligence, et d’esprit critique, dans leur travail quotidien, et qui pour la marche du monde prennent sans discuter ce que leur sert le 20h.
    • Le noeud du problĂšme rĂ©side à  mon sens dans une forme de soumission du politique à  des experts politisĂ©s. Ce qui est vrai pour l’environnement l’est tout autant pour la santĂ© : il suffit pour s’en convaincre de lire la tribune de 35 chercheurs, mĂ©decins, universitaires qui demandent la dissolution du fameux Conseil Scientifique COVID Nous appelons Ă©galement le gouvernement à  ne pas instrumentaliser la science. La science a pour condition sine qua non la transparence, le pluralisme, le dĂ©bat contradictoire, la connaissance prĂ©cise des donnĂ©es et l’absence de conflits d’intĂ©rĂȘts. Le Conseil scientifique du Covid-19 ne respectant pas l’ensemble de ces critĂšres, il devrait ĂȘtre refondĂ© ou supprimĂ©.

    J’espĂšre que ces rĂ©flexions vous donneront matiĂšre à  relativiser ce qui nous arrive. Une Ă©pidĂ©mie de COVID nous est tombĂ© sur la tronche en mars. Depuis juin-juillet cette Ă©pidĂ©mie, en France, est terminĂ©e. Les faits le montrent. Si vous avez des faits montrant le contraire, je suis preneur.

  • Loi et rĂ©glementation

    Loi et réglementation

    Une distinction importante existe entre « loi » et « rĂ©glementation ». C’est un trĂšs bon outil pour analyser une partie des atteintes actuelles à  la Justice, à  la LibertĂ© et à  la paix sociale.

    Justice, droit positif et droit naturel

    Nous vivons dans des sociĂ©tĂ©s civilisĂ©es, c’est-à -dire des sociĂ©tĂ©s qui ont peu à  peu incorporĂ©es dans leurs rĂšgles de fonctionnement les apprentissages moraux que les humains avaient fait. C’est mal de tuer, il y a donc une rĂšgle qui le dit « Tu ne tueras point ». Ces rĂšgles sont en gĂ©nĂ©ral formulĂ©es en posant une limite entre ce qui est interdit (formulĂ© dans la rĂšgle) et le reste, qui est par dĂ©faut autorisĂ©. Ces Lois visent la Justice, et s’appliquent à  tous de la mĂȘme maniĂšre. Pas de morale sans visĂ©e universelle. Ces Lois ne sont pas nĂ©cessairement explicitĂ©es, certaines sont prĂ©sentes dans la tradition de telle ou telle sociĂ©tĂ©, sans forcĂ©ment avoir fait l’objet d’une incorporation dans le droit positif. Le droit naturel, les traditions, notre raison, le sens de la Justice permettent d’avoir un regard critique sur le droit positif, et c’est pour cela qu’il Ă©volue.

    Ce que je peux faire, ce n’est pas ce que me dit un homme de loi ; mais ce que l’humanitĂ©, la raison et la justice me disent que je devrais faire.

    Edmund Burke (1729-1797)
    Homme politique et philosophe irlandais.

    Dans la pensĂ©e d’Hayek, une distinction est faite entre ce droit positif (appelĂ© « Thesis », le droit du lĂ©gislateur), et le « Nomos », le droit issu de la jurisprudence, de la tradition, et qui prĂ©existe à  la Loi positive. On obĂ©it au droit du lĂ©gislateur parce qu’il fait appliquer une Loi prĂ©sumĂ©e exister en dehors d’elle et fondĂ©e sur l’opinion diffuse de ce qui est juste.

    Lois et réglementations

    Une distinction supplĂ©mentaire doit ĂȘtre faite au sein du droit positif (« Thesis »). J’ai gardĂ© cette distinction comme un outil de pensĂ©e trĂšs utile de ma lecture d’Hayek, moins prĂ©cis et dĂ©taillĂ© que l’analyse qu’il en faisait, mais qui me sert souvent sous cette forme (en Ă©crivant cette phrase, je viens de dĂ©cider de relire cet extraordinaire livre). Il s’agit de la distinction entre Lois et RĂ©glementations.

    • les lois sont les rĂšgles qui servent la justice. Elles ont une visĂ©e universelle, s’appliquent à  tous de la mĂȘme maniĂšre (ÉgalitĂ© devant la loi), et sont en gĂ©nĂ©ral plutĂŽt formulĂ©es nĂ©gativement (« tu ne dois pas… »). Ces lois sont celles du Rule of Law, plutĂŽt du cĂŽtĂ© du Nomos. Les Lois, interdisant certains comportements, ne disent pas ce qui doit ĂȘtre fait, mais ce qui ne doit pas ĂȘtre fait. Elles sont un outil pour favoriser la libertĂ©, et l’ordre spontanĂ©. Les lois, en France, sont proposĂ©es, dĂ©battues, adoptĂ©es par l’AssemblĂ©e Nationale.
    • les rĂ©glementations sont les rĂšgles qui servent un objectif spĂ©cifique, en fixant un certains nombres de contraintes non universelles. C’est l’outil des gouvernements pour atteindre leurs objectifs, pour construire un ordre de maniĂšre dirigĂ©e. Les rĂ©glementations ne s’appliquent pas à  tous de la mĂȘme maniĂšre, elles sont circonstancielles. Ce sont les rĂšgles des constructivistes, c’est-à -dire des rĂšgles avec une visĂ©e politique qui supposent la capacitĂ© à  influer sur l’ordre de la sociĂ©tĂ©.

    On trouve des précisions dans les cours de Droit :
    Avant la constitution de 1958, la distinction entre la loi et le rĂ©glement existait dĂ©jà . Mais cette distinction s’accompagnait d’une affirmation de primautĂ© absolue de la loi. En effet, dans la tradition constitutionnelle rĂ©publicaine française, la souverainetĂ© est exercĂ©e par les reprĂ©sentants du peuple, Ă©lus au Parlement, c’est-à -dire le pouvoir lĂ©gislatif. Cette prĂ©dominance de la loi aujourd’hui quasiment disparue. (…) La fonction du rĂ©glement n’est plus seulement de permettre l’exĂ©cution des lois en en dĂ©terminant les conditions de mise en oeuvre ; elle est aussi de rĂ©gir toutes les matiĂšres pour lesquelles la loi n’est pas compĂ©tente.
    On apprend un peu plus loin qu’il existe des procĂ©dures de protection du domaine rĂ©glementaire contre les empiĂštements du pouvoir lĂ©gislatif. Il n’existe pas, par contre, de procĂ©dures de protection du domaine lĂ©gislatif contre l’empiĂštement du pouvoir rĂ©glementaire. En d’autres termes : le gouvernement peut prendre des dĂ©cisions, et mettre en place des rĂ©glementations qui ne sont pas fidĂšles Ă  l’esprit des lois.En d’autres termes : le gouvernement peut prendre des dĂ©cisions, et mettre en place des rĂ©glementations qui ne sont pas fidĂšles à  l’esprit des lois. Voilà  qui est profondĂ©ment choquant, conforme par ailleurs à  ce que l’on observe, et à  mes yeux, une rĂ©elle forme de dĂ©rive constructiviste. De toutes façons, dans l’esprit des gens, la distinction entre loi et rĂ©glementation n’Ă©tant pas claire, la voie Ă©tait ouverte.

    Dérives constructivistes : deux exemples

    Une sociĂ©tĂ© de libertĂ© suppose d’accepter une forme importante d’ordre spontanĂ©. L’individualisme, et le rĂ©gime de libertĂ© qui va avec, consiste à  « reconnaĂźtre l’individu comme juge en dernier ressort de ses propres fins, et à  croire que dans la mesure du possible ses propres opinions doivent gouverner ses actes ». On peut ne pas ĂȘtre individualiste dans ce sens, et c’est prĂ©cisĂ©ment ce que les penseurs comme Hayek ont appelĂ© le constructivisme. Deux exemples simples permettront de comprendre comment la rĂ©glementation nuit à  la loi, à  l’Ă©galitĂ© devant la loi des citoyens, et donc à  la Justice. Cela ne condamne bien sĂ»r pas toute forme de constructivisme, mais devrait par contre susciter la plus grande mĂ©fiance vis-à -vis de cette maniĂšre de faire.
    Rappelez-vous : la distinction entre loi et rĂ©glementation est simple ; la loi s’applique à  tous et vise la justice, et un ordre spontanĂ© de la sociĂ©tĂ© dans le respect de ces rĂšgles, la rĂ©glementation ne s’applique pas à  tous, et vise un Ă©tat prĂ©cis, un ordre construit, de la sociĂ©tĂ©. Les deux exemples montrent bien comment, une fois que l’on accepte d’avoir des rĂšgles (rĂ©glementations) qui ne s’applique pas à  tous de la mĂȘme maniĂšre, on met le doigt dans un cercle vicieux sans fin. Dans les deux cas, l’Ă©galitĂ© de fait est visĂ©e plutĂŽt que l’Ă©galitĂ© devant la loi.

    Il y a toute les diffĂ©rences du monde entre traiter les gens de maniĂšre Ă©gale et tenter de les rendre Ă©gaux. La premiĂšre est une condition pour une sociĂ©tĂ© libre alors que la seconde n’est qu’une nouvelle forme de servitude.

    Friedrich Hayek (1899-1992)
    Economiste et philosophe britannique.

    ImpĂŽts progressifs

    L’impĂŽt proportionnel (taux fixe) est celui qui vise une contribution au financement de l’action publique par les citoyens à  proportion de leur revenu (avec un taux de 10%, celui qui a 100 paye 10, et celui qui a 1000 paye 100). L’impĂŽt progressif (taux variable) vise, quant à  lui, à  une correction des inĂ©galitĂ©s par la redistribution (le riche payera plus en proportion que le pauvre). Deux maniĂšres de penser l’impĂŽt. En France, l’impĂŽt est en partie progressif, en partie proportionnel. Je trouve injuste l’impĂŽt progressif, qui n’a pas de fin, et laisse la porte ouverte à  l’arbitraire : selon les humeurs, les volontĂ©s politiques, il sera facile de modifier la progressivitĂ© et d’aller jusqu’à  la spoliation. On ne saurait qualifier de « loi » des rĂ©glementations traitant diffĂ©remment – fiscalement – les citoyens. J’ai pris l’exemple de l’impĂŽt, et on pourrait dĂ©rouler les milliers d’injustices qui existent dans ce domaine : selon que vous travaillerez dans tels ou tels secteur vous ne serez pas imposĂ© de la mĂȘme maniĂšre. Constructivisme toujours : le rĂ©gulateur, dans un bel Ă©lan de scientisme, prĂ©tend savoir ce qu’il faut soutenir ou affaiblir comme type d’activitĂ©.

    Discrimination positive

    Un autre exemple oĂč la volontĂ© de « construire » un ordre supposĂ©ment plus juste conduit à  faire n’importe quoi : la discrimination positive conduisant à  mettre en place des quotas (de noirs, de femmes, de jaunes, d’homosexuels, etc.) pour atteindre une « égalité ». Par des rĂ©glementations stupides, on piĂ©tine l’Ă©galitĂ© devant la loi, on force des dĂ©cisions injustes. Et à  nouveau, l’engrenage est sans fin : une foi l’Ă©galitĂ© devant la Loi rompue, comment arrĂȘter le dĂ©lire ? S’il y a des quotas de noirs, pourquoi pas de roux ? ou d’obĂšse avec des boutons ? Tout cela est dĂ©lirant, instrumentalisĂ© par des militants diversitaires, et nous devrions ĂȘtre beaucoup plus fermes sur nos principes. Pour cela, il est important de subordonner à  nouveau la rĂ©glementation aux lois : la loi est la mĂȘme pour tous, et – contrairement aux rĂšglements qui sont l’outil des gouvernants – elle est dĂ©battue et adoptĂ©e par les reprĂ©sentants du peuple.

  • Immigration

    Immigration

    Immigration, sujet tabou ?

    Au moment oĂč le politiquement correct tente de museler l’Incorrect, à  l’heure oĂč, pourtant, les violences ethniques font ressurgir la rĂ©alitĂ© des problĂšmes liĂ©s à  l’immigration, il est lĂ©gitime d’aborder ce thĂšme si « sulfureux ». MĂȘme, et surtout, si les gouvernants pratiquent l’a-plat-ventrisme pour tenter de calmer les racailles, en oubliant complĂštement leur rĂŽle, et toute dignitĂ©.

    Pas pour tout le monde, heureusement

    Fort heureusement, le sujet n’est pas tabou pour tout le monde. Je vous invite, sur ce sujet, à  bien sĂ»r acheter le dernier numĂ©ro de l’Incorrect, et à  aller lire la remarquable confĂ©rence donnĂ©e par Pierre Brochand (haut fonctionnaire, ancien patron de la DGSE), à  l’invitation de la Fondation Res Publica de J.P. ChevĂšnement : « Pour une vĂ©ritable politique de l’immigration« .

    Pour Pierre Brochand, l’immigration est LE sujet politique (je suis tout à  fait d’accord avec lui) :

    Tout simplement — autant mettre d’emblĂ©e les points sur les i — parce que je considĂšre, en mon Ăąme et conscience (et en espĂ©rant me tromper), que, de tous les Ă©normes dĂ©fis que doit affronter notre pays, l’immigration, telle qu’on l’a laissĂ©e se dĂ©velopper depuis prĂšs de 50 ans, est le plus redoutable. Pourquoi le plus redoutable ? Parce qu’il est le seul, à  mes yeux, susceptible de mettre directement en cause la paix civile, dans une sociĂ©tĂ© non seulement fragile mais volontairement aveugle à  ce danger. De sorte que, pour moi, une vĂ©ritable politique de l’immigration est, d’une certaine maniĂšre, un prĂ©alable à  toutes les autres et que, faute d’en vouloir une, nous allons au-devant de grandes infortunes et de terribles dĂ©convenues. (…) Je ne suis pas davantage un sociologue, un anthropologue, un dĂ©mographe, un historien, un philosophe ou un Ă©conomiste de mĂ©tier. Seulement un citoyen inquiet, qui tire cette inquiĂ©tude de l’expĂ©rience d’une vie. J’ai servi l’État, dans sa dimension extĂ©rieure, pendant 45 ans. Durant ce demi-siĂšcle, je me suis mis, avec dĂ©vouement et De tous les Ă©normes dĂ©fis que doit affronter notre pays, l’immigration, telle qu’on l’a laissĂ©e se dĂ©velopper depuis prĂšs de 50 ans, est le plus redoutable. Pourquoi le plus redoutable ? Parce qu’il est le seul, à  mes yeux, susceptible de mettre directement en cause la paix civile, dans une sociĂ©tĂ© non seulement fragile mais volontairement aveugle à  ce danger.conviction, au service de l’intĂ©rĂȘt national, à  une Ă©poque oĂč il Ă©tait difficile de le distinguer de ce qu’il est dĂ©sormais inconvenant de nommer, la prĂ©fĂ©rence nationale. À cette Ă©cole, j’ai vite compris que, par-delà  les discours, personne en ce monde ne faisait de cadeaux à  personne et que, si nous ne prenions pas en charge nos intĂ©rĂȘts vitaux, nul ne le ferait à  notre place. Tout au long de ce parcours — coopĂ©rant en Afrique, boursier aux États-Unis, diplomate sur trois continents, responsable d’un Service de renseignement et mĂȘme comme Ă©poux —, j’ai frĂ©quentĂ© infiniment plus d’étrangers que de Français. À l’occasion de ces milliers de relations de toutes natures, je n’ai eu d’autre objectif que d’entrer en empathie avec l’Autre, cet ĂȘtre Ă©nigmatique, qui n’est notre semblable que jusqu’au moment oĂč il ne l’est plus. À son contact j’ai pu vĂ©rifier la pertinence de lieux autrefois communs : à  savoir que, si le biologique nous rassemble, le culturel interpose entre nous une distance variable, et parfois insurmontable. Il m’a aussi permis des observations que je ne saurais rapporter sans frissons, par exemple que rien n’est plus universel que la xĂ©nophobie et que les configurations « multi » (culturelles, nationales, ethniques) sont le plus souvent vouĂ©es au dĂ©chirement. Et j’ai mĂȘme constatĂ©, « horresco referens », que les « minoritĂ©s » pouvaient ĂȘtre violentes et les « victimes » avoir tort. Par ailleurs, il m’est arrivĂ© de pratiquer un mĂ©tier — le renseignement —, qui est l’un des derniers oĂč l’on est obligĂ© d’appeler un chat un chat, oĂč il est interdit — littĂ©ralement sous peine de mort — de prendre ses dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s, et oĂč la compassion reste une vertu mais certainement pas une prioritĂ©.

    Il n’est pas possible de rĂ©sumer une confĂ©rence aussi dense en quelques lignes, mais sachez que vous y trouverez à  la fois une vision ample de la problĂ©matique, des constats trĂšs clairs sur la rĂ©alitĂ© des problĂšmes posĂ©s par le phĂ©nomĂšne de l’immigration, et des mesures concrĂštes pour agir. Pour vous en donner un aperçu quand mĂȘme, je partage deux thĂšses qui sous-tendent son propos (de maniĂšre trĂšs explicite). Les cultures diffĂ©rentes, ça existe – premiĂšre thĂšse -, et – deuxiĂšme thĂšse – consĂ©quence de la premiĂšre, abandonner l’Ă©chelon de l’Etat Nation au profit d’une civilisation mondiale prĂ©tendument unie ou mĂȘme possible, c’est une folie. Ces deux thĂšses me semblent difficilement contestables.

    La distance culturelle ça existe

    A la suite de Braudel, Huntington, ou encore Levi-Strauss, Pierre Brochand rappelle cette Ă©vidence : les cultures diffĂ©rentes, ça existe, et la distance culturelle aussi. Les civilisations, par ailleurs, regroupent des cultures qui sont, entre elles, moins Ă©loignĂ©es que des autres appartenant à  un autre groupe civilisationnel. La coexistence entre cultures diffĂ©rentes, a fortiori provenant de civilisation diffĂ©rente est complexe, comme le rappelait Levi-Strauss (dans sa confĂ©rence Race & Culture, donnĂ© à  l’Unesco en 1971):

    Je m’insurge contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à  confondre le racisme et des attitudes normales, lĂ©gitimes mĂȘme, en tout cas inĂ©vitables. Le racisme est une doctrine qui prĂ©tend voir dans les caractĂšres intellectuels et moraux attribuĂ©s à  un ensemble d’individus l’effet nĂ©cessaire d’un commun patrimoine gĂ©nĂ©tique. On ne saurait ranger sous la mĂȘme rubrique, ou imputer automatiquement au mĂȘme prĂ©jugĂ© l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidĂ©litĂ© à  certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à  d’autres valeurs. Il n’est nullement coupable de placer une maniĂšre de vivre et de la penser au-dessus de toutes les autres et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-mĂȘme, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attachĂ©. Cette incommunicabilitĂ© relative peut mĂȘme reprĂ©senter le prix à  payer pour que les systĂšmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communautĂ© se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nĂ©cessaires à  leur renouvellement. Si comme je l’ai Ă©crit ailleurs, il existe entre les sociĂ©tĂ©s humaines un certain optimum de diversitĂ© au-delà  duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaĂźtre que cette diversitĂ© rĂ©sulte pour une grande part du dĂ©sir de chaque culture de s’opposer à  celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’ĂȘtre soi : elles ne s’ignorent pas, s’empruntent à  l’occasion, mais pour ne pas pĂ©rir, il faut que, sous d’autres rapports persiste entre elles une certaine impermĂ©abilitĂ©.

    Accepter une immigration extra-europĂ©enne, extra-occidentale, de masse, en pensant que cela ne posera aucun problĂšme, c’est simplement idiot.

    La société mondiale ne peut se passer des Etats Nations

    Pierre Brochand livre ensuite un cadre intĂ©ressant d’analyse : la confrontation d’une Histoire Evolution et d’une histoire EvĂšnement.

    Le tissu de l’Histoire est fait d’une double trame : « l’histoire de l’espĂšce », que j’appellerai Histoire Évolution, et « les histoires dans l’espĂšce », que je dĂ©nommerai Histoire ÉvĂ©nement. L’histoire Evolution : l’auto-dĂ©termination linĂ©aire et les trois strates. L’Histoire de l’espĂšce est linĂ©aire et irrĂ©versible, car son moteur est la connaissance cumulative qui, en tant que rĂ©gime de vĂ©ritĂ© validĂ© par l’efficacitĂ© de la technique, se diffuse tĂŽt ou tard à  l’ensemble de la planĂšte. (…) L’Histoire ÉvĂ©nement : le bruit et la fureur de la lutte cyclique pour le pouvoir. (…) En d’autres termes, donc, avec l’Histoire ÉvĂ©nement, c’est le RĂ©el sous ces deux aspects — « formes » archaĂŻques et « contenus » sĂ©culaires — qui se rebelle contre l’Histoire Évolution, la machine qui travaille sans relĂąche à  sa disparition.

    Il distingue 3 strates dans l’Histoire Evolution, qui co-existent toujours :

    • S1 : les communautĂ©s naturelles, prĂ©modernes, prĂ©-politiques, hĂ©tĂ©rodĂ©terminĂ©es,
    • S2 : l’État national moderne, berceau du politique, fruit de l’auto-dĂ©termination collective,
    • S3 : la SociĂ©tĂ© des individus, hypermoderne, post-politique, issue de l’auto-dĂ©termination individuelle.

    L’histoire EvĂšnement ramĂšne toujours les strates S1, et S2, dans les pattes de S3. Et le RĂ©el :

    En simplifiant, ces rĂ©troactions de base — la revanche du RĂ©el, les « Ă©lĂ©phants dans le magasin de porcelaine » — sont au nombre de quatre. On peut les appeler les « quatre R » : le Rebond R 1, la Rente R 2, le Refus R 3, le Rejet R 4. Les deux premiĂšres — le Rebond Ă©conomique sino-asiatique et la Rente, lĂ©gale (notamment pĂ©troliĂšre et gaziĂšre) ou illĂ©gale, prĂ©levĂ©e sur les flux — ne remettent pas en cause les principaux paramĂštres de la Globalisation, telle qu’imposĂ©e par l’Occident : elles contestent son unilatĂ©ralisme et visent à  une redistribution des revenus, et donc des pouvoirs, à  l’intĂ©rieur du processus. Les deux autres — le Refus (dont le porte-drapeau est l’Islam) et le Rejet (qu’exhalent les trous noirs creusĂ©s par les États les plus faillis) — remettent en question non seulement l’unilatĂ©ralisme occidental, mais aussi les fondements mĂȘmes de la Globalisation, en raison d’écarts culturels insurmontables. Il va de soi que ces rĂ©troactions se combinent pour former des variantes composites, l’une des plus congruentes avec notre sujet Ă©tant celle qui associe la Rente pĂ©troliĂšre au Refus musulman, pour favoriser l’expansion mondiale de l’islamisme, à  travers, notamment, les diasporas, dont je parlerai plus tard. En outre, ces quatre rĂ©troactions, si diffĂ©rentes, se nourrissent d’un sentiment commun, le Ressentiment, qu’on pourrait dĂ©nommer R 5, nĂ© de cinq siĂšcles de Colonisation directe ou indirecte. C’est pourquoi la Globalisation, en crĂ©ant les conditions de sa propre contestation, marque, à  la fois, l’apogĂ©e et le commencement du dĂ©clin relatif de l’Occident, qui, l’ayant suscitĂ©e, va perdre, de son fait, sa suprĂ©matie absolue. C’est ainsi que notre planĂšte change de visage. L’ordre occidental, aprĂšs avoir bataillĂ© pour imposer à  tous la mĂȘme logique « progressiste » et « fonctionnelle » de l’Histoire Évolution, cĂšde la place à  un multidĂ©sordre, « rĂ©gressiste » et « dysfonctionnel », oĂč l’Histoire ÉvĂ©nement reprend la main, sans autre programme que la lutte pour un pouvoir remis en jeu.

    Le cadre d’analyse est puissant, et utile pour penser le rĂ©el. Brochand dĂ©taille Ă©galement les diffĂ©rentes vagues d’immigration, et les impacts qu’elles sont eues sur la sociĂ©tĂ© française. Pour la plupart nĂ©gatifs, et souvent occultĂ©s par le politiquement correct et l’idĂ©ologie : manipulation, brouillage des faits, non-Ă©valuation, voire mensonges. La population le sait bien, et il y a probablement là  une des puissantes raisons de la perte de confiance populaire dans les Elites.

    3 stratégies et des mesures concrÚtes

    En fin de confĂ©rence, on dĂ©couvre les trois stratĂ©gies posĂ©es par l’auteur, qu’il pose pour dĂ©tailler ensuite des mesures trĂšs concrĂštes et prĂ©cises. Je lui laisse le mot de la fin : ceux que ces mesures intĂ©ressent iront lire cette admirable et indispensable confĂ©rence.
    Face à  ce bilan, à  mon avis peu glorieux, trois options restent ouvertes : 1) Poursuivre dans la voie du « panglossisme » : soit le choix de la thĂ©orisation de l’impuissance, dissimulĂ©e par un voile d’optimisme, choix le plus facile dans la mesure oĂč il vaut à  ses tenants applaudissements et reconnaissance sociale, dusse la sociĂ©tĂ© en payer un jour le prix (stratĂ©gie du « wishful thinking »). 2) Estimer que la Globalisation est un bloc, une force irrĂ©sistible, dont l’immigration par le droit est une dimension, certes problĂ©matique, mais incontournable, dont il faut s’accommoder au mieux, en bricolant au jour le jour pour en limiter les dĂ©gĂąts et notamment en jetant de l’argent pas les fenĂȘtres (stratĂ©gie du « damage control »). 3) Juger que le processus d’immigration incontrĂŽlĂ©e peut trĂšs mal finir et que cette perspective exige impĂ©rativement de changer de cap. Ce qui suppose de tenir la Globalisation pour un ensemble sĂ©cable, au sein duquel les flux humains peuvent et doivent faire l’objet d’un traitement à  part des autres facteurs de production, en raison de leur impact direct sur la coopĂ©ration sociale et, in fine, la paix civile (stratĂ©gie du « contre-courant »). On aura sans doute devinĂ© que cette derniĂšre option est la mienne, mĂȘme si je n’exclus pas la deuxiĂšme comme une position de repli rĂ©signĂ©, en cas d’impossibilitĂ© avĂ©rĂ©e de l’appliquer. À mes yeux, on PEUT et on DOIT FAIRE, comme nous le montrent certains pays qui ne sont pas tous des parias, à  commencer par le Danemark ou les pays d’Europe centrale et orientale, que je connais bien pour y avoir Ă©tĂ© en poste et qu’il serait aussi prĂ©somptueux qu’insultant de tenir pour moins « europĂ©ens » que nous. Mais pour sortir des faux-semblants qui nous paralysent, et notamment le parallĂ©lisme mensonger qui voudrait que toute politique migratoire restrictive et sĂ©lective soit le signe d’un nazisme renaissant, il faudrait que les « dirigeants » (avec guillemets) que nous avons sous la main redeviennent, au moins sur ce plan, des dirigeants (sans guillemets), c.-à -d. n’hĂ©sitant pas à  rembobiner le film jusqu’aux annĂ©es 70 et 80, quand leurs prĂ©dĂ©cesseurs ont jetĂ© l’éponge du politique avec l’eau du bain de l’État national. Autrement dit aient le courage surhumain de prendre le contre-pied, au moins sur ce terrain de l’immigration, du credo autour duquel est structurĂ©e la SociĂ©tĂ© des individus, pour renouer avec ces privilĂšges spĂ©cifiques du politique que sont la capacitĂ© de « dire non » et de prendre des dĂ©cisions osant contrarier la norme, tout en cessant de raisonner comme si les marges Ă©taient centrales. Je ne crois guĂšre à  cette rĂ©demption, dans la mesure oĂč mĂȘme des catastrophes, comme les Ă©meutes de 2005, ou des cataclysmes, comme les attentats de masse, ne sont pas parvenus à  la susciter. Mais rien ne m’interdit de rĂȘver à  tout ce qui pourrait et devrait ĂȘtre fait pour corriger une trajectoire, que je considĂšre — personne ne peut m’en empĂȘcher — comme pĂ©rilleuse pour l’avenir de mon pays.

  • RhĂ©torique du conflit

    Rhétorique du conflit

    Faut-il toujours choisir son camp ?

    Les discussions sont Ăąpres sur les rĂ©seaux sociaux. Et heureusement ! Ce n’est pas prĂšs de s’arrĂȘter, d’ailleurs, puisque la ridicule loi Avia vient de se faire sĂ©vĂšrement dĂ©sosser par le Conseil Constitutionnel. Pas de pensĂ©e libre, sans libertĂ© d’expression, et sans confrontation des idĂ©es.
    RĂ©cemment, Philippe Silberzahn, Professeur à  l’EMLyon, spĂ©cialiste des organisations et de l’innovation, a rĂ©agi dans un excellent billet à  ceux qui le sommaient « de choisir son camp ». A juste titre : si sur chaque sujet, on n’a le choix qu’entre deux camps, la rĂ©flexion est morte et il ne reste que le conflit. Se forcer à  intĂ©grer a minima 3 points de vue permet de sortir de cette logique binaire d’affrontement. Tout en Ă©tant d’accord avec tout ce qu’il Ă©crivait, je faisais la remarque qu’il existe des situations oĂč cette logique de « camps », guerriĂšre, Ă©tait adaptĂ©e : notamment les situations oĂč nous nous retrouvons dĂ©signĂ©s comme ennemis à  abattre. De toutes façons, la rĂ©flexion sur les « camps » est rapidement stĂ©rile. On est forcĂ©ment dans un camp, mĂȘme si c’est celui de ceux qui n’en choisissent pas. Les camps, comme le statut d’ennemi, nous sont en gĂ©nĂ©ral assignĂ©s par d’autres.

    Ennemis et adversaires

    Il ne s’agit pas pour autant de nier l’existence des conflits : le conflit, qui prend des formes multiples, fait partie des phĂ©nomĂšnes naturels, dans le rĂšgne animal. De tous temps, le conflit a fait partie de l’humanitĂ©, de ses mythes, de ce qui structure son histoire, de ce qui alimente la rĂ©flexion. Cela m’a rappelĂ© une distinction importante apportĂ© par Mathieu Bock-CĂŽtĂ©, dans son ouvrage « L’empire du politiquement correct » : celle entre adversaire et ennemi.

    Les significations et les imaginaires associĂ©s ne sont pas les mĂȘmes : l’ennemi envoie dans le champ de la guerre, de la haine, de la violence, tandis que l’adversaire renvoie dans le champ du combat politique, de la controverse. On cherche à  Ă©liminer un ennemi, on cherche à  avoir raison contre ses adversaires. Tous les coups sont permis avec un ennemi, on suit des rĂšgles avec un adversaire. Dans son essai, Bock-CĂŽtĂ© fait l’Ă©loge du « conflit civilisé » : le vrai conflit d’idĂ©es, qui frotte, qui fĂąche, et qui permet aux idĂ©es de se structurer, de se bousculer, d’ĂȘtre en concurrence. C’est un des outils indispensables pour rechercher la vĂ©ritĂ©. Celui qui n’est pas d’accord avec vous n’est pas nĂ©cessairement un ennemi, mais simplement un adversaire. Et celui qui est votre ennemi, à  l’inverse, n’a pas ĂȘtre traitĂ© comme un simple adversaire. Ceux qui ne veulent pas discuter, cherchent à  toujours faire voir leurs adversaires comme des ennemis. Comme ça, tous les coups (dĂ©gueulasses, sournois, injustes) sont permis. Et on peut sortir de l’Ă©change d’idĂ©es rationnel, puisque l’interlocuteur n’en est plus un : c’est un ennemi. Attaque ad hominem.

    Ce que m’ont apportĂ© les Ă©changes libres sur Twitter

    GrĂące à  ces Ă©changes instructifs, sur Twitter, j’ai pu lire, et je vous le recommande, l’article de Philippe Silberzahn, me remettre en tĂȘte cette distinction essentielle apportĂ©e par Bock-CĂŽtĂ©. J’ai pu Ă©galement me demander ce que l’on pourrait creuser à  propos de rhĂ©torique du conflit. Logos, Pathos et Ethos du conflit, ça doit permettre d’aller chercher des choses intĂ©ressantes. Le temps de me demander cela, je suis tombĂ© sur l’ouvrage de Julien Freund, « Sociologie du conflit« , qui est, du coup, dĂ©jà  installĂ© sur mon Kindle. Miam. Miam.

  • Êtes-vous populistes ?

    Êtes-vous populistes ?

    C’est quoi, un « populiste » ? Pourquoi les mĂ©dias mainstream accusent certains dirigeants d’ĂȘtre des populistes ? Qu’est-ce qui permet de catĂ©goriser comme cela ? Ce mot est-il une insulte, ou un qualificatif neutre ? La dĂ©finition de « populisme » est simple : « Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou prĂ©fĂ©rentiellement au peuple en tant qu’entitĂ© indiffĂ©renciĂ©e. » C’est la rĂ©fĂ©rence au « peuple » qui fait le populiste, la racine du mot le dit bien.

    Au dictionnaire

    Il est donc utile d’ouvrir un dictionnaire pour comprendre les diffĂ©rents sens de ce mot, et avancer dans la rĂ©flexion. Un des trĂšs bons dictionnaires en ligne, que je vous recommande d’ajouter dans vos favoris, c’est le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL). Voici un condensĂ© de ce qu’on peut trouver Ă   l’entrĂ©e peuple (j’ai triĂ© et je n’ai gardĂ© que ce qui semble alimenter la rĂ©flexion politique) :
    A.
    1. Ensemble des humains vivant en sociĂ©tĂ© sur un territoire dĂ©terminĂ© et qui, ayant parfois une communautĂ© d’origine, prĂ©sentent une homogĂ©nĂ©itĂ© relative de civilisation et sont liĂ©s par un certain nombre de coutumes et d’institutions communes.
    2. P. ext. Ensemble de personnes qui, n’habitant pas un mĂȘme territoire mais ayant une mĂȘme origine ethnique ou une mĂȘme religion, ont le sentiment d’appartenir Ă   une mĂȘme communautĂ©.
    B.
    1. (…)
    2. a) Ensemble des individus constituant une nation (…), vivant sur un mĂȘme territoire et soumis aux mĂȘmes lois, aux mĂȘmes institutions politiques.
    b) [P. oppos. aux gouvernants] Partie de la nation soumise Ă   une autoritĂ© ayant le pouvoir politique.
    3. [Le peuple institutionnalisĂ© et dotĂ© d’une physionomie juridique] Ensemble des citoyens d’un pays qui exercent le droit de vote pour dĂ©signer leurs gouvernants.
    C.
    1. Le peuple. L’ensemble des personnes qui n’appartiennent pas aux classes dominantes socialement, Ă©conomiquement et culturellement de la sociĂ©tĂ©.ñℱ© PĂ©j. Ensemble de personnes caractĂ©risĂ©es par la vulgaritĂ©, le manque de distinction des maniĂšres quelle que soit la classe sociale Ă   laquelle elles appartiennent.

    Si je rĂ©sume : le sens A est le peuple au sens anthropologique, le sens B est le peuple au sens juridique et politique et le sens C, prolongeant une nuance dĂ©jĂ   un peu comprise dans le sens B (l’opposition entre les gouvernants et le peuple), est le peuple au sens marxiste, c’est-Ă  -dire pensĂ© dans un rapport de domination (opposition classes dominantes/classes dominĂ©es).

    Qu’est-ce donc qu’un populiste, qui se rĂ©clame du peuple, ou qui est dĂ©clarĂ© tel par ses adversaires ou ses soutiens ? Cela peut prendre, au vu de la dĂ©finition, plusieurs sens. Ils sont tous susceptibles d’ĂȘtre pris nĂ©gativement ou positivement, selon le point de vue adoptĂ©. J’essaye de dĂ©rouler ces possibilitĂ©s ci-dessous, n’hĂ©sitez pas Ă   rĂ©agir en commentaire pour prolonger la discussion. Le mot « populisme« , dans ses racines littĂ©raires et historiques, rĂ©sonne avec les sens B et C : description des milieux populaires en littĂ©rature (au sens de milieux pauvres/non dominants), et mouvement de la paysannerie contre le pouvoir tsariste.

    Civilisations vs Multiculturalisme

    Sur le plan anthropologique (sens A), il me semble clair qu’un populiste sera celui qui dĂ©fend d’abord les intĂ©rĂȘts d’un peuple particulier, d’une civilisation. DĂšs lors, il aura pour adversaire ceux qui dĂ©fendent une autre civilisation, ou ceux qui pensent qu’il n’y a qu’une civilisation mondiale, et que les civilisations sont miscibles. Pour caricaturer, en France, quelqu’un qui se positionnerait pour dĂ©fendre la culture française et la civilisation occidentale avant toute chose, aurait sur le dos les islamistes et autres particularistes, et la clique de diversitaires multi-culturalistes. Un populiste sur cette maille lĂ   est quelqu’un qui reconnait Ă   sa culture propre et Ă   sa civilisation des caractĂ©ristiques, des particularitĂ©s, qui lui paraissent importantes Ă   conserver, et Ă   transmettre. Sur ce plan, il me semble assez sain d’ĂȘtre populiste.

    Citoyens vs Dirigeants

    Au sens juridique (sens B) et civique, le populiste sera celui qui veut parler au nom d’un peuple dĂ©finit par le fait d’ĂȘtre soumis aux mĂȘmes lois et aux mĂȘmes institutions. Il aura comme adversaire ceux qui veulent, dans la communautĂ© nationale, vivre avec d’autres lois, d’autres institutions, ou ceux qui pensent que les institutions actuelles sont tellement mauvaises, qu’il faut complĂštement en changer. Il aura donc sur le dos, les islamistes – encore eux -, les sĂ©paratistes, et les « rĂ©volutionnaires » partisans de la table rase. Selon la dĂ©finition, il sera aussi le porte-parole des citoyens, par opposition aux gouvernants. Le populiste aura, potentiellement aussi comme adversaire, les actuels tenants du pouvoir (quels qu’ils soient). Sur ce second plan, juridique, il me semble aussi assez sain d’ĂȘtre populiste.

    PlĂšbe vs Elites

    Le sens C de la dĂ©finition, marxiste, repose sur l’opposition, ou le rapport de force/domination entre les Ă©lites et le reste du peuple, la plĂšbe. Dans ce sens, le peuple c’est tout le monde, moins ceux qui ont une place dominante dans la sociĂ©tĂ© (sociale, politique, intellectuelle, Ă©conomique, financiĂšre, etc..). Le populiste, dans ce sens marxiste, est celui qui se prĂ©sentera comme parlant au nom des dominĂ©s, de ceux qui ne sont rien, par opposition aux Ă©lites. Cette forme est devenue prĂ©sente, en partie je crois Ă   cause de la diminution progressive du mĂ©rite des Ă©lites, et en partie Ă   cause de la perte de mobilitĂ© sociale. Quand quelqu’un est en situation privilĂ©giĂ©e, grĂące Ă   ses efforts, Ă   ses qualitĂ©s, et Ă   son exemplaritĂ©, cela ne suscite en gĂ©nĂ©ral, Ă   part chez les jaloux et les marxistes, pas de colĂšre parmi le peuple. Quand les plus dĂ©munis, peuvent, par leurs efforts, espĂ©rer progresser dans la sociĂ©tĂ©, et s’y faire une place, les Ă©lites ne sont pas uniquement les rentiers de leur naissance. Mais quand ceux qui profitent d’une situation plus que favorable sans que la justification de cette situation soit Ă©vidente, alors les autres, le peuple, se rebellent et y voient une forme de domination abusive, d’autant plus que ces situations leurs sont inaccessibles. Le populiste, dans ce sens, aura comme adversaires les fausses Ă©lites, les planquĂ©s du systĂšme, et les apparatchiks. Cette dĂ©ception lĂ©gitime a Ă©tĂ© trĂšs bien dĂ©crite par Ivan Rioufol, et par Pierre Mari. Je n’y reviens pas ici. Ce sens du mot populisme, Ă   nouveau me parait lĂ©gitime.

    Je suis populiste

    MĂȘme si je ne partage pas cette grille de lecture marxiste de la sociĂ©tĂ©, force est de reconnaitre que notre sociĂ©tĂ© est noyautĂ©e par une classe dominante qui ne comprend plus les aspirations du peuple. La crise des Gilets Jaunes l’a montrĂ©. Une partie des politiciens, des journalistes, des intellectuels, des dirigeants d’entreprise ne vit plus, et ne voit plus, la rĂ©alitĂ© du pays et des problĂšmes concrets que rencontrent leurs concitoyens. Il est temps de voir surgir un populiste qui parle, au nom des citoyens, d’identitĂ©, de culture française et occidentale, d’immigration, de l’extension abusive de la place de l’Etat, de la perte de souverainetĂ© nationale. Si le populiste est celui qui a comme adversaires les islamistes, les rĂ©volutionnaires, les multi-culturalistes, les diversitaires, les Ă©lites partisanes du statu-quo social, alors je suis populiste.

    Beaucoup d’autres pays, en proie aux mĂȘmes problĂšmes, ont vu Ă©merger des dirigeants populistes. A quand pour la France ?

  • Faut-il supprimer les subventions aux mĂ©dias ?

    Faut-il supprimer les subventions aux médias ?

    Notez bien que la question n’est pas : trouvez-vous indispensable qu’il y ait des mĂ©dias ? Personne, je crois, ne doute de l’utilitĂ© de pouvoir s’informer librement. Pas de mĂ©dias, pas de libertĂ© d’informer ou de s’informer, ça veut dire dictature. Et pour pouvoir s’informer librement, il faut disposer d’un grand choix et d’une diversitĂ© de sources. C’est ce qu’on appelle le pluralisme. Si tous les mĂ©dias racontent exactement la mĂȘme chose, alors c’est qu’ils ne parlent plus du rĂ©el, et on retourne sur la dictature (c’est le journal du parti). Le rĂ©el, et c’est ce sur quoi les gens veulent avoir des informations, s’apprĂ©hende au travers de filtres cognitifs, et avec des points de vue particuliers. Il n’y a pas d’information objective.
    Non : la question posĂ©e ici est de savoir s’il est une bonne ou une mauvaise chose, pour que les mĂ©dias fassent bien leur travail, de leur donner des subventions. J’ai listĂ© ici des arguments pour ou contre (listes non-exhaustives, que vous pouvez complĂ©ter et discuter en commentaire), et un petit test vous permettra de rĂ©pondre oui ou non à  cette question rĂ©currente.

    Pour les subventions

    • L’activitĂ© mĂ©diatique d’information, consistant à  informer, analyser, enquĂȘter, recouper est beaucoup moins rentable que la diffusion de films ou d’Ă©missions de jeux. Sans soutien, une partie de l’offre d’information disparaitrait et on perdrait en pluralisme
    • Face aux gĂ©ants des autres pays (amĂ©ricains notamment), il convient de soutenir de maniĂšre intelligente la production et les activitĂ©s mĂ©diatiques françaises, notamment théùtre et cinĂ©ma. C’est la fameuse exception culturelle. La « culture » n’est pas un bien comme un autre.
    • En ne subventionnant pas la presse et les mĂ©dias, ils seront à  la merci de grands groupes capitalistes, qui pourront faire pression en fonction de leurs intĂ©rĂȘts sur les « bonnes » et les « mauvaises » informations

    Contre les subventions

    • Les subventions maintiennent sous perfusion des mĂ©dias sans aucun lectorat, ou spectateurs. L’argent pris pour les soutenir est de l’argent qui n’est plus disponible pour d’autres activitĂ©s (y compris la crĂ©ation d’autres mĂ©dias, plus rentables). Un mĂ©dia qui rĂ©ussit, c’est un mĂ©dia qui sait trouver des clients, dans un milieu concurrentiel, et ĂȘtre rentable. Au nom de quoi serait-ce une entreprise pas comme les autres ? Par ailleurs, les subventions sont accordĂ©es de maniĂšre plus ou moins arbitraires aux diffĂ©rents mĂ©dias
    • Il y a plein de mĂ©tiers diffĂ©rents dans le monde des mĂ©dias (crĂ©ation, production, diffusion, etc.) : Aucun de ces secteurs d’activitĂ© ne fait parti des fonctions rĂ©galiennes de l’Etat.La culture, l’information, dans un pays libre, n’a rien à  faire dans le giron de l’Etat. C’est dans les dictatures, justement, que ces activitĂ©s sont liĂ©es à  l’Etat
    • S’il fallait soutenir un secteur avec des subventions parce qu’y rĂ©ussir est difficile, alors il faudrait soutenir l’ensemble des secteurs, ce qui implique des subventions dans toutes les activitĂ©s, avec une armĂ©e de fonctionnaires pour gĂ©rer tout cela au moins mal.

    Petit sondage

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