CatĂ©gorie : đŸ§‘đŸ»â€đŸ€â€đŸ§‘đŸ» SociĂ©tĂ©

  • HygiĂšne des rues

    HygiĂšne des rues

    Nettoyer les rues

    Je suis souvent choquĂ©, presque quotidiennement, par l’état dans lequel nous acceptons, collectivement, de laisser les rues. Les rues à  certains endroits sont sales, à  d’autres remplies de mendiants, ou de familles de migrants illĂ©gaux. Les rues sont par ailleurs, dans certains quartiers, laissĂ©s aux mains des racailles islamisĂ©es. Et parfois, temporairement, aux mains des gauchistes violents. Toutes ces situations sont inacceptables, moralement et juridiquement. Et pourtant nous nous y sommes presque habituĂ©s. Il faut nettoyer les rues. Je ne comprends pas pourquoi cette mesure populiste, ou de bon sens, consistant à  « nettoyer les rues Â» n’est pas mise en avant par les diffĂ©rents candidats et partis politiques. Nettoyons les rues de la misĂšre qui s’y amoncelle. Rendons l’espace publique à  son usage habituel : un lieu collectif, impliquant respect des autres, politesse, propretĂ©, application stricte des rĂšgles communes. DĂ©solĂ© de faire mon Suisse.

    Il ne s’agit pas de kà€rcher, les humains n’étant pas des moisissures, ni des scories que l’on peut balayer avec un jet d’eau. Non : il s’agit de dignitĂ©, et de solidaritĂ©. Les propos de Sarkozy, à  l’époque, n’étaient pas choquants : c’est de ne pas les avoir mis en oeuvre qui a choquĂ© les français.

    La rue, l’espace public, sont par dĂ©finition du domaine collectif. Il est donc de notre responsabilitĂ© collective de changer les choses, c’est-à -dire que cela est dans le champ du politique (sauf à  revenir à  des « milices » de quartier qui seraient en charge de gĂ©rer une rue, ou un bloc de maisons). Il est anormal de ”laisser » des gens ”vivre » dans la rue. Au-delà  des Ă©motions, et de la compassion, que chacun peut ressentir devant un tel spectacle, il y a là  un phĂ©nomĂšne que nous devons rejeter, de toutes nos forces, à  titre individuel comme de maniĂšre collective.

    Miroir d’une sociĂ©tĂ© malade

    Cet espace public est aussi un miroir de ce qu’est notre sociĂ©tĂ©. Ce miroir qui est nous est tendu renvoie une image terrible. Il nous renvoie à  notre propre incapacitĂ© à  traiter le problĂšme, il nous donne une image particuliĂšrement sordide (qu’est ce qu’une sociĂ©tĂ© oĂč des enfants trainent dans la rue à  mendier au lieu d’ĂȘtre à  l’école ?). Et il nous montre l’impĂ©ritie crasse de nos dirigeants à  simplement faire appliquer la Loi (allons-nous nous faire croire que nous ne savons pas loger, et forcer l’intĂ©gration de ce mĂ©lange de SDF et de migrants plus ou moins lĂ©gaux ?). Il faut refuser l’image de ce miroir, et la rĂ©alitĂ© qu’il montre. Les français sont solidaires, le niveau de prĂ©lĂšvement obligatoire consenti suffit presque à  le montrer. Personne ne se satisfait par ailleurs de cette situation : ni les mendiants, ni les citoyens, ni les bĂ©nĂ©voles, ni les responsables d’associations, ni les responsables politiques.

    Pas de traitement de faveur pour les fragiles ?

    Mais le politiquement correct est ainsi fait : on ne doit forcer personne, surtout pas des catĂ©gories fragiles. Ce serait discriminant ? Soutenons l’inverse : il faut aider les plus dĂ©munis, mĂȘme malgrĂ© eux. Il faut rĂ©intĂ©grer de force ces enfants des rues dans des Ă©coles, apprendre à  parler à  leur parents (ou les foutre en taule), forcer les sans-emplois et les laissĂ©s-pour-compte à  ĂȘtre pris en charge pour se re-socialiser. CoĂ»te que coĂ»te. Ce n’est pas une question de moyens, ni de capacitĂ©, c’est une question de dignitĂ© et de volontĂ© politique. Je suis convaincu qu’un homme politique qui proposerait de nettoyer les rues marquerait des points auprĂšs de nombreux citoyens. Parce que les français sont solidaires, amoureux de la dignitĂ© des personnes, et fier de leur pays, qu’ils ne supportent plus de le voir peu à  peu se transformer en pays du tiers monde.

    Vivons heureux, vivons confinés ?

    J’ai une petite thĂ©orie sur le confinement, qui permet d’expliquer pourquoi un peuple aussi rebelle que les français se sont si facilement laissĂ© enfermer chez eux. Je crois que cela a permis a beaucoup de monde de ne plus « voir » cette affreux chemin que nous avons pris, en n’allant plus dans la rue. Les mĂ©dias tournant en boucle sur le COVID, ça a permis de ne pas trop voir les assauts de « migrants » contre la GrĂšce, la situation prĂ©-insurrectionnelle dans les « banlieues ». Il est temps de retourner dans la rue, et d’accepter cette rĂ©alitĂ© que l’on ne veut plus nommer, ou voir. Cela nous empĂȘche de nous attaquer aux problĂšmes.

    Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.Charles PĂ©guy

  • Jour du dĂ©passement ?

    Jour du dépassement ?

    J’ai entendu parler à  nouveau, il y a peu, du concept fumeux de « jour du dĂ©passement ». Mis en avant par l’ONG FootPrintNetwork, repris en choeur par toutes les associations et mouvements Ă©colo à  tendances dĂ©croissants, ce concept n’a pourtant aucun fondement d’aucune sorte.

    L’idĂ©e est simple : les ressources n’Ă©tant pas infinies, on peut calculer ce que l’humanitĂ© consomme chaque annĂ©e, ce que la Terre est en mesure de « rĂ©gĂ©nĂ©rer », et par un savant calcul on peut voir ce qu’on consomme de trop, c’est-à -dire le nombre de planĂštes qu’il faudrait pour pouvoir continuer comme cela. Ou, dit en d’autres termes, le moment de l’annĂ©e oĂč l’on a dĂ©jà  « consommĂ© une planĂšte ». L’image est forte, marque les esprits, et rĂ©sonne avec les imaginaires eschatologiques des dĂ©croissants, anti-capitalistes, anti-techno, pro-retour à  la nature. On n’est jamais loin du mythe de l’Ăąge d’or.

    Concept logiquement sans fondement…

    Cette idĂ©e a m’a toujours Ă©nervĂ©. Si à  la mi-annĂ©e on a dĂ©jà  consommĂ© ce qu’on pouvait, et qu’on tape dans les ressources trop fortement, cela signifie que l’annĂ©e d’aprĂšs, les ressources sont encore plus faibles. Et ainsi de suite. Quand je regarde les chiffres de ce « jour du dĂ©passement », nous devrions dĂ©jà  avoir consommĂ© 25 ou 30 fois la planĂšte ! Or, il me semble, mais je peux me tromper, que la Terre est toujours là , et que nous continuons à  trouver de l’Ă©nergie. C’est donc une entourloupe logique.

    …et mĂȘme pas bien rĂ©alisĂ©

    MĂȘme les Ă©colos le disent : additionner des choux et des carottes n’a aucun sens (des tonnes de CO2 avec des nombres d’animaux tuĂ©s, plus des ressources Ă©nergĂ©tiques consommĂ©es, etc). C’est rĂ©ellement une pure fumisterie rhĂ©torique, pour influencer, coĂ»te que coĂ»te, les dĂ©cisions politiques. A commencer par la premiĂšre chose mesurĂ©e, les Ă©missions de CO2, classĂ©s comme un … polluant. Non, le CO2 n’est pas un polluant. Il faut revenir à  la raison.

    Un peu de vraie science ?

    Je conseille par exemple d’aller dĂ©couvrir les excellentes pages scientifiques du CEA sur le climat et l’environnement. Je me suis fait encore avoir : je suis tombĂ© sur Etienne Klein prĂ©sentant le concept d’Ă©nergie, et je suis restĂ© regarder la vidĂ©o en entier. J’ai eu la surprise d’apprendre que l’excellente explication du concept d’Ă©nergie donnĂ©e par Feynmann dans ses fameux cours, venait en fait d’une clarification apportĂ©e notamment par Emmy Noether, mathĂ©maticienne allemande. Voilà  de la science, de la vraie.
    Pour le reste, je crois que le vrai dĂ©passement c’est le 1er janvier : c’est la date à  laquelle les militants dĂ©croissants ont dĂ©passĂ© la quantitĂ© de conneries que l’on devrait s’autoriser à  dire chaque annĂ©e.

  • Ce que la crise rĂ©vĂšle

    Ce que la crise révÚle

    Il est bien connu qu’une maniĂšre de tester un systĂšme, c’est de le mettre « sous stress » : cela rĂ©vĂšle les failles, les problĂšmes – structurels ou non. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la crise sanitaire liĂ©e au Corona Virus (COVID-19) a bien rĂ©vĂ©lĂ© les failles du systĂšme de soin et de la sociĂ©tĂ© française. Voici quelques problĂšmes, quelques choses positives aussi, et quelques enseignements.

    Les problÚmes (re)révélés

    Crise des élites

    La crise des Ă©lites françaises, d’abord, si bien dĂ©crite par Pierre Mari, a Ă©tĂ© flagrante : gesticulation mĂ©diatique du pouvoir, navigation à  vue, discours plats du prĂ©sident. Chacun a pu observer cela. J’en reparlerai en conclusion.

    Territoires pas perdus pour tout le monde

    Il n’y avait pas de raisons que pour que cela change, mais dĂšs le dĂ©but du confinement on a pu vĂ©rifier qu’il y a dĂ©sormais plusieurs sortes de territoires en France, sĂ©parĂ©s, et n’obĂ©issant pas aux mĂȘmes rĂšgles (qui ne sont pas imposĂ©s par l’Etat). Cette rĂ©alitĂ©, montrĂ©e timidement, a vite Ă©tĂ© oubliĂ©e (heureusement certains mĂ©dias continuent à  parler du rĂ©el et il y a des sources alternatives partout sur Twitter).

    Politisation de la société

    La politisation de la justice, manipulĂ©e par des lobbys anticapitalistes et multiculturalistes a Ă©galement Ă©tĂ© bien visible (affaire Amazon, qui n’a fait que confirmer ce que l’on avait pu voir au moment de l’affaire du mur des cons, des cabales contre Zemmour, ou de l’affaire Fillon. Cette politisation est Ă©galement perceptible dans le domaine scientifique avec l’affaire Raoult : mĂ©langer science et politique est monnaie courante et devrait toujours alerter les esprits critiques. Raoult n’est pas certainement pas le sauveur que certains ont voulu voir, mais ses arguments tiennent la route, et la mise en place de tests massifs dans son IHU devraient à  minima imposer une forme de respect de la personne.

    Inflation administrative et bureaucratique

    Les deux problĂšmes mentionnĂ©s ci-dessus, ressortant d’une extension de la « politisation » de tous le sujets, me semble avoir une cause commune : l’inflation permanente du champ d’action de l’Etat. Cette inflation administrative, normative, bureaucratique, conduit à  une « soviĂ©tisation » de l’Ă©conomie française, et à  beaucoup d’inepties.
    Notamment, visible en ces temps de crises, des Ă©lĂ©ments de manque de rĂ©activitĂ© et de comprĂ©hension des prioritĂ©s. Scandaleux. Et comme les couches du mille-feuille sont multiples, on aboutit forcĂ©ment à  des dĂ©cisions arbitraires, sans vision d’ensemble : pourquoi les hyper-marchĂ©s peuvent ĂȘtre ouvert, et pas les petits commerces ?

    Classe politique globalement indigente

    Les membres de la classe politique ont montrĂ©, dans leur grand majoritĂ©, qu’ils n’incarnaient plus aucune forme de « stratĂ©gie », ou de hauteur de vue. Globalement incapables de s’inspirer de ce qui marche dans les autres pays, ou d’appeler au refus des actions idiotes (Ă©lections rĂ©gionales, avec confinement le lendemain). Je ne parle mĂȘme pas des rĂ©actions du monde syndical, tant il nous avait dĂ©jà  montrĂ© à  quel point ils Ă©taient hors de la rĂ©alitĂ© vĂ©cue par les français.

    Idéologisation des esprits et utopie

    La difficultĂ© à  ĂȘtre dans le rĂ©el, justement, et à  rĂ©soudre les problĂšmes qui se posent à  nous, ici et maintenant, fait partie de ce qui est ressorti de plus pĂ©nible. Obsession de l’idĂ©al, et de l’aprĂšs, trĂšs bien dĂ©crite et analysĂ©e par Philippe Silberzahn. Cette forme d’obsession utopique, et de prĂ©fĂ©rence pour les idĂ©aux, me semble ĂȘtre dans le mĂȘme registre passif que la « vĂ©nĂ©ration/dĂ©testation » des dirigeants : on a passĂ© plus de temps à  commenter les discours de Macron, dans la sphĂšre mĂ©diatique, qu’à  rĂ©flĂ©chir aux moyens qui pourraient ĂȘtre mis en oeuvre pour pallier à  nos manques.
    Dans ce monde hors-sol, il est logique que les constructivistes aux manettes continuent à  utiliser les mĂȘmes leviers, addictifs, que d’habitude : l’argent sort de terre (ou plutĂŽt de la planche à  billet), pourquoi ne pas en distribuer à  tout le monde ? Nous continuons de prĂ©parer la prochaine crise financiĂšre.

    Quelques sources d’espoir

    Solidarité et entraide spontanées

    Il y a malgrĂ© tout, quelques signes encourageants. La capacitĂ© des gens à  spontanĂ©ment s’organiser a Ă©tĂ© remarquable. J’applaudis à  ma fenĂȘtre, et je suis content de voir mes voisins et les saluer. Je n’applaudis pas les soignants, mais l’ensemble des gens qui sont en premiĂšre ligne, sans masques, depuis plusieurs semaines (livreurs, policiers, vendeurs, etc.). J’ai Ă©galement trouvĂ© salutaire l’effervescence de production et de partage de blagues sur le confinement, extraordinaire soupape, et moyen de prise de recul par rapport à  des nouvelles trĂšs anxiogĂšnes. Les forces d’entraide et de solidaritĂ©s ont jouĂ© à  tous les niveaux (y compris au niveau des si dĂ©criĂ©es et honnies entreprises).

    Emergence de nouvelles figures ?

    Il est trop tĂŽt pour le dire, mais j’aime à  penser que certaines voix qui se sont confirmĂ©es ou qui ont Ă©mergĂ©es dans ces temps de crises comme Ă©tant porteuses de vision structurĂ©es pour la France, prendront de l’importance dans l’aprĂšs.

    Enseignements : retour aux principes de base

    Deux principes me paraissent essentiels à  mettre en avant pour garder une forme de luciditĂ©. La responsabilitĂ©, et l’esprit critique.

    Et la responsabilité, bordel ?

    Il est grand temps de redonner sa place à  la responsabilitĂ©, indispensable composante de la libertĂ©. Seuls des individus peuvent ĂȘtre responsable. On est responsable de quelque chose, devant quelqu’un. Il me semble qu’un certain nombre des maux dĂ©crits ci-dessus sont en partie causĂ© par un manque gĂ©nĂ©ralisĂ© d’esprit de responsabilitĂ©. Il ne s’agit pas de chercher des coupables, simplement de remettre cette logique d’action au coeur de l’organisation sociale. Devant qui sont responsables les juges ? Devant qui le gouvernement est-il responsable ? Devant qui l’obscur fonctionnaire qui interdit à  un entrepreneur de vendre des masques est-il responsable ? Devant qui sont responsables ceux qui n’envoient pas les malades en surnombre vers les cliniques privĂ©es ? Tous ces fonctionnaires, ou membres de l’appareil d’Etat, ou de la sphĂšre publique, devraient ĂȘtre responsables devant les contribuables, et devant le peuple. L’Etat doit ĂȘtre au service du peuple, et pas l’inverse. Quelles procĂ©dures allons-nous mettre en place pour Ă©viter les dysfonctionnement et les dĂ©cisions absurdes ? Les Ă©lites ne pourront ĂȘtre rĂ©habilitĂ©s dans l’esprit des français que s’ils endossent, en mĂȘme temps que le pouvoir, des responsabilitĂ©s.

    Esprit critique

    A titre personnel, je traverse cette crise Ă©tant plus convaincu que jamais qu’il est indispensable d’apprendre à  penser par soi-mĂȘme. Les experts de l’OMS ont donnĂ©, sur le port des masques, des avis contradictoires à  une semaine d’intervalle. Personne ne peut penser, ou Ă©valuer à  notre place. Si les français apprennent à  nouveau à  penser par eux mĂȘmes, à  sortir des carcans idĂ©ologiques qui empĂȘchent de voir le rĂ©el, alors cette crise aura peut-ĂȘtre apportĂ© une bonne chose. EspĂ©rons que peu à  peu cela permette de sortir de la double impasse dans laquelle nous sommes : socialiste, et multiculturaliste.

    Quelques rĂšgles d’hygiĂšne de pensĂ©e, pour complĂ©ter l’hygiĂšne du langage, sont toujours utiles à  rappeler ou à  intĂ©grer dans nos habitudes.

    • Ne pas accepter les arguments d’autoritĂ©, tout en Ă©coutant les experts
    • Laisser une place au doute, et comparer plusieurs points de vue avant de se faire une opinion
    • Distinguer ce qui est de l’ordre des faits / Ă©noncĂ©s sur la rĂ©alitĂ©, et ce qui est de l’ordre des reprĂ©sentations / interprĂ©tations de cette rĂ©alitĂ©
    • Se mĂ©fier de ceux qui cherchent à  Ă©viter le rĂ©el

    Il y en certainement plein d’autres : vous les partagez en commentaire ?

  • L’hygiĂšne du langage d’Orwell

    L’hygiĂšne du langage d’Orwell

    Je ne rĂ©siste pas au plaisir de partager avec vous un trĂšs beau texte de George Orwell, datant de 1946, et consacrĂ© aux liens entre langage et pensĂ©e. On connait la rĂ©flexion d’Orwell dans 1984 sur le langage, avec la « novlangue« . Pour penser juste, il faut utiliser correctement le langage. Mode d’emploi.

    Parler bien pour bien penser

    Si vous lisez ce blog, vous savez qu’il correspond Ă   un effort que j’essaye de faire pour penser correctement.

    Travaillons donc Ă   bien penser : voilĂ   le principe de la morale.

    Blaise Pascal (1623 – 1662)mathĂ©maticien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et thĂ©ologien français

    Penser correctement, cela veut dire, bien sĂ»r, ĂȘtre conscient des biais cognitifs susceptibles d’altĂ©rer la qualitĂ© de notre rĂ©flexion. Mais Ă©galement, sur un plan diffĂ©rent, il faut toujours ĂȘtre conscient que penser ne peut se faire qu’en utilisant le langage, qui est la forme de la pensĂ©e (une pensĂ©e sans langage est informe).

    Ce matin dans ma boite mail, j’avais la newsletter du site PolĂ©mia, et en me baladant sur ce site je suis tombĂ© sur un texte d’Orwell (article de PolĂ©mia, citant lui-mĂȘme une traduction disponible en ligne sur Espace contre Ciment), qui est un trĂšs joli petit essai de 1946, La politique et la langue anglaise. Je ne rĂ©siste pas Ă   vous partager, donc, ce texte, essentiel Ă   mes yeux.

    Quelques extraits pour la route

    Tout d’abord quelques rĂšgles d’Ă©critures que je garde ici :
    Mais il arrive souvent que l’on Ă©prouve des doutes sur l’effet d’un terme ou d’une expression, et il faut pouvoir s’appuyer sur des rĂšgles quand l’instinct fait dĂ©faut. Je pense que les rĂšgles suivantes peuvent couvrir la plupart des cas :
    1. N’utilisez jamais une mĂ©taphore, une comparaison ou toute autre figure de rhĂ©torique que vous avez dĂ©jĂ   lue Ă   maintes reprises.
    2. N’utilisez jamais un mot long si un autre, plus court, peut faire l’affaire.
    3. S’il est possible de supprimer un mot, n’hĂ©sitez jamais Ă   le faire.
    4. N’utilisez jamais le mode passif si vous pouvez utiliser le mode actif.
    5. N’utilisez jamais une expression Ă©trangĂšre, un terme scientifique ou spĂ©cialisĂ© si vous pouvez leur trouver un Ă©quivalent dans la langue de tous les jours.
    6. Enfreignez les rĂšgles ci-dessus plutĂŽt que de commettre d’évidents barbarismes.

    Et puis le dĂ©but du texte, pour vous donner envie de le lire…
    La plupart des gens qui s’intĂ©ressent un peu Ă   la question sont disposĂ©s Ă   reconnaĂźtre que la langue anglaise est dans une mauvaise passe, mais on s’accorde gĂ©nĂ©ralement Ă   penser qu’il est impossible d’y changer quoi que ce soit par une action dĂ©libĂ©rĂ©e. Notre civilisation Ă©tant globalement dĂ©cadente, notre langue doit inĂ©vitablement, selon ce raisonnement, s’effondrer avec le reste. Il s’ensuit que lutter contre les abus de langage n’est qu’un archaĂŻsme sentimental, comme de prĂ©fĂ©rer les bougies Ă   la lumiĂšre Ă©lectrique ou l’élĂ©gance des fiacres aux avions. A la base de cette conception, il y a la croyance Ă   demi consciente selon laquelle le langage est le rĂ©sultat d’un dĂ©veloppement naturel et non un instrument que nous façonnons Ă   notre usage. Il est certain qu’en derniĂšre analyse une langue doit son (La langue) devient laide et imprĂ©cise parce que notre pensĂ©e est stupide, mais ce relĂąchement constitue Ă   son tour une puissante incitation Ă   penser stupidement.dĂ©clin Ă   des causes politiques et Ă©conomiques : il n’est pas seulement dĂ» Ă   l’influence nĂ©faste de tel ou tel Ă©crivain. Mais un effet peut devenir une cause, qui viendra renforcer la cause premiĂšre et produira un effet semblable sous une forme amplifiĂ©e, et ainsi de suite. Un homme peut se mettre Ă   boire parce qu’il a le sentiment d’ĂȘtre un ratĂ©, puis s’enfoncer d’autant plus irrĂ©mĂ©diablement dans l’échec qu’il s’est mis Ă   boire. C’est un peu ce qui arrive Ă   la langue anglaise. Elle devient laide et imprĂ©cise parce que notre pensĂ©e est stupide, mais ce relĂąchement constitue Ă   son tour une puissante incitation Ă   penser stupidement. Pourtant ce processus n’est pas irrĂ©versible. L’anglais moderne, et notamment l’anglais Ă©crit, est truffĂ© de tournures vicieuses qui se rĂ©pandent par mimĂ©tisme et qui peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©es si l’on veut bien s’en donner la peine. Si l’on se dĂ©barrasse de ces mauvaises habitudes, on peut penser plus clairement, et penser clairement est un premier pas, indispensable, vers la rĂ©gĂ©nĂ©ration politique ; si bien que le combat contre le mauvais anglais n’est pas futile et ne concerne pas exclusivement les Ă©crivains professionnels.
    Lire la suite : La politique et la langue anglaise.

  • Les traĂźtres

    Les traĂźtres

    Quand je suis arrivĂ© à  Paris, pour faire mes Ă©tudes, je ne m’informais pas beaucoup. J’avais 20 ans, et le monde politique Ă©tait loin de mes prĂ©occupations. Mais j’achetais tous les vendredis, sans faute, Le Figaro pour lire le petit texte d’Ivan Rioufol.

    Depuis toujours, dans le réel

    Il me parlait, et analysait, contrairement à  beaucoup d’autres journalistes, du rĂ©el. Son petit bloc-notes hebdomadaire Ă©tait ma gazette pour savoir ce qui se passait. J’ai par la suite, avec l’arrivĂ©e d’internet et des blogs, mis les mains dans le cambouis en Ă©crivant sur un blog politique et en animant un rĂ©seau de blogueurs politiques (LHC, pour LibertĂ© d’expression, Humanisme, et esprit Critique). Nous avions eu le grand plaisir de l’accueillir, un soir, lors de notre rĂ©union mensuelle de blogueurs. Il Ă©tait venu nous prĂ©senter, dans les locaux que Contribuables AssociĂ©s mettaient gentiment à  notre disposition, son dernier ouvrage.
    Depuis cette Ă©poque je continue de suivre ce que fait et Ă©crit Rioufol. « Aujourd’hui, l’urgence est de sortir du mensonge, de la dĂ©sinformation, de la haine autodestructrice, qui sont devenus les trous noirs de la civilisation occidentale »C’est un intellectuel courageux, et qui a Ă©tĂ© trĂšs souvent en premiĂšre ligne, malgrĂ© les vents contraires. TrĂšs tĂŽt lucide sur la menace que faisait peser l’immigration massive et le multiculturalisme Ă©rigĂ© en modĂšle de sociĂ©tĂ©, sans jamais se dĂ©partir de sa tolĂ©rance, il est Ă©galement proche dans sa ligne libĂ©rale-conservatrice de ce que je peux penser du monde : Ivan Rioufol fait partie des quelques intellectuels qui savent, quand ils parlent de libĂ©ralisme, de quoi ils parlent. Son amitiĂ© avec Alain Laurent n’y est peut ĂȘtre pas pour rien. Ivan Rioufol, sur les sujets de sociĂ©tĂ©, me semble trĂšs proche dans son analyse, des rĂ©flexions proposĂ©es par Bock-CĂŽtĂ© sur le « rĂ©gime diversitaire » qui est devenu notre politiquement correct.

    Retour sur la colĂšre des Gilets jaunes

    Dans son dernier ouvrage, Les traĂźtres (aux Ă©ditions Pierre Guillaume De Roux), Rioufol nous parle du mouvement des Gilets jaunes, qu’il a vu naĂźtre d’un bon oeil, et qu’il a suivi, soutenu, et dont il continue à  se faire volontiers le porte-parole. Le titre, qui dĂ©signe les responsables politiques français, ou les Ă©lites (prises dans le mĂȘme sens que dans l’ouvrage remarquable de Pierre Mari, En pays dĂ©fait) est trĂšs dur. Mais il faut bien reconnaitre qu’il est juste. Ce n’est pas le titre qui est dur, de fait, c’est la rĂ©alitĂ© dans laquelle des annĂ©es de laxisme politique nous ont plongĂ©. La crise du CoVid19 ne fait, malheureusement, que confirmer ce terrible constat : la France est un pays abimĂ©, et dont la culture, le style de vie, les traditions sont volontairement dĂ©faits par les dirigeants. Je ne dirais pas tout avec les mĂȘmes mots que Rioufol, mais je suis d’accord avec ses analyses. J’y retrouve la colĂšre que peut susciter le suivi de l’actualitĂ© française (ce que je fais quotidiennement grĂące à  Twitter et à  de nombreux sites d’infos). Rioufol ne m’a pas appris tant que cela dans ce livre, parce qu’il fait partie de ceux dont je m’alimente rĂ©guliĂšrement : si ce n’est pas votre cas, je vous recommande chaudement la lecture de ce livre qui va droit au but, sans rhĂ©torique, et avec humilitĂ©. Je termine ce modeste billet en laissant le mot de la fin à  Ivan Rioufol :
    Les Gilets jaunes l’ont dĂ©montrĂ© : seule la sociĂ©tĂ© civile est encore capable de se rebeller contre les clercs qui, droite et gauche confondues, persistent à  faire de la France un pays amnĂ©sique et dĂ©culturĂ©, ouvert aux manipulations gĂ©nĂ©tiques et idĂ©ologiques. Les Ăąmes fortes sont les bienvenues. La place prise par l’insignifiance et l’Ă©motion dans les grands dĂ©bats publics laisse voir la paresse qui a envahi les comportements mĂ©diatiques, adeptes de la copie conforme et de l’infantilisation des dĂ©bats. Le monde intellectuel s’est lui-mĂȘme laissĂ© endormir par le conformisme et le manichĂ©isme de l’utopie mondialiste. Il doit se rĂ©veiller. Aujourd’hui, l’urgence est de sortir du mensonge, de la dĂ©sinformation, de la haine autodestructrice, qui sont devenus les trous noirs de la civilisation occidentale, et de la France tout particuliĂšrement. (…) Le combat à  mener est splendide : il a pour objectif de soutenir l’esprit pionnier des Gilets jaunes et de prendre la relĂšve. Elle passe par le rĂ©tablissement de la dĂ©mocratie confisquĂ©e, la redĂ©couverte du patriotisme, le retour à  la libertĂ© de penser, la prise de distance avec l’individualisme. Il s’agit de venir au secours d’une nation maltraitĂ©e par une caste corrompue par l’obsession diversitaire et l’argent des puissants. Parce que ces derniers ont trahi la confiance des plus fragiles, ils sont impardonnables.

  • RĂ©flexions sur la RĂ©volution en France

    Réflexions sur la Révolution en France

    Edmund Burke (1729-1797) est un penseur incontournable (j’ai pour ma part dĂ©cidĂ© d’arrĂȘter de le contourner aprĂšs la lecture du bouquin de Leo Strauss). Homme politique et philosophe, considĂ©rĂ© comme le pĂšre du conservatisme moderne, et influent penseur libĂ©ral, il s’est opposĂ©, dans le livre dont ce billet porte le titre, à  plusieurs aspects de la RĂ©volution française (en 1790, dans une lettre qui Ă©tait une rĂ©ponse à  une demande d’un jeune noble français, auquel il s’adresse dans le texte). Philippe Raynaud le dit trĂšs bien dans sa prĂ©face à  l’Ă©dition que j’ai lue :
    L’extraordinaire force du livre de Burke tient donc à  la fois, outre ses Ă©minentes qualitĂ©s littĂ©raires, à  la clartĂ© avec laquelle s’y expriment tous les thĂšmes du conservatisme moderne et à  la luciditĂ© dont faisait preuve l’auteur, bien avant les dĂ©veloppements terroristes de la RĂ©volution française.
    Si l’on devait caricaturer sa pensĂ©e, conservatrice, il s’oppose à  la violence de la RĂ©volution française, sa frĂ©nĂ©sie de «table rase» au nom d’idĂ©aux, l’absence de respect des institutions ayant montrĂ© leur utilitĂ© – notamment les expropriations, la violation des droits les plus Ă©lĂ©mentaires, les meurtres. C’est Ă©galement une pensĂ©e pragmatique, ancrĂ©e dans le rĂ©el, et ne le sacrifiant au nom d’idĂ©aux.
    Mais je ne saurais prendre sur moi de distribuer la louange ou le blĂąme à  rien de ce qui a trait aux actions ou aux affaires humaines en ne regardant que la chose elle-mĂȘme, dĂ©nuĂ©e de tout rapport à  ce qui l’entoure, dans la nuditĂ© et l’isolement d’une abstraction mĂ©taphysique. Quoi qu’en disent certains, ce sont les circonstances qui donnent à  tout principe de politique sa couleur distinctive et son effet caractĂ©ristique. Ce sont les circonstances qui font qu’un systĂšme civil et politique
    est utile ou nuisible au genre humain. Si l’on reste dans l’abstrait, l’on peut dire aussi bien du gouvernement que de la libertĂ© que c’est une bonne chose.

    Son attachement à  la rĂ©alitĂ©, à  la dĂ©fense de la propriĂ©tĂ© comme droit inaliĂ©nable, aux traditions et aux institutions Ă©tablies qui contiennent une partie de la sagesse, en font rĂ©ellement un penseur central pour le libĂ©ral-conservatisme dont je dĂ©fend l’Ă©mergence (le renouveau?). Je comprends qu’Hayek & Popper aient reconnu leur dette à  l’Ă©gard de Burke.
    L’idĂ©e m’avait marquĂ©e dans « Droit, LĂ©gislation et Liberté » d’Hayek : les institutions en place, en gĂ©nĂ©ral, dans les sociĂ©tĂ©s ouvertes, contiennent beaucoup d’Ă©lĂ©ments appris, et construits par essais/erreurs par les humains. Cela me rappelle le domaine scientifique et technologique, que je connais mieux : lorsqu’un savoir devient robuste, il est en gĂ©nĂ©ral intĂ©grĂ© dans des outils (rĂšgles, processus, outils, institutions, etc..). C’est logique qu’il en soit de mĂȘme pour les savoirs de types « organisation sociale », ou « politiques ».
    La pensĂ©e de Burke me parle, enfin, car elle est humble (c’est souvent une posture caractĂ©ristique du pragmatisme : le rĂ©el a raison). Contre les constructivistes de tout poil qui prĂ©tendent rĂ©inventer la sociĂ©tĂ© de zĂ©ro à  partir de leur idĂ©aux mĂ©taphysiques, Burke apporte un contrepoint important : la sociĂ©tĂ© telle qu’elle est, patiemment construite pendant des centaines d’annĂ©es (des millĂ©naires), est la seule matiĂšre utilisable pour construire. Burke n’est pas opposĂ© au changement (sa vie prouve mĂȘme l’inverse), il est simplement conservateur. Gardons ce qui est bon dans la sociĂ©tĂ©.
    « RĂ©flexions sur la rĂ©volution française » est donc un livre essentiel. Surtout en France, oĂč l’on nous bourre le crĂąne à  l’Ă©cole avec la sacro-sainte RĂ©volution française, censĂ©e ĂȘtre l’alpha et l’omega de la pensĂ©e, le point de dĂ©part de l’histoire française. Il y a trop de pages magnifiques dans ce livre, notamment sur ce qu’est la propriĂ©tĂ©, les droits de l’homme, pour en choisir un qui serait dĂ©finitivement le meilleur. Je garde ce petit passage, car il dit beaucoup de ce que sont la libertĂ© et la propriĂ©tĂ©.

    Il faut aussi, si l’on veut que la propriĂ©tĂ© soit protĂ©gĂ©e comme elle doit l’ĂȘtre, qu’elle soit reprĂ©sentĂ©e sous sa forme la plus massive, la plus concentrĂ©e. L’essence caractĂ©ristique de la propriĂ©tĂ©, telle qu’elle rĂ©sulte des principes conjuguĂ©s de son acquisition et de sa conservation, est l’inĂ©galitĂ©.(…) Je suis aussi loin de dĂ©nier en thĂ©orie les vĂ©ritables droits des hommes que de les refuser en pratique (en admettant que j’eusse en la matiĂšre le moindre pouvoir d’accorder ou de rejeter). En repoussant les faux droits qui sont mis en avant, je ne songe pas à  porter atteinte aux vrais, et qui sont ainsi faits que les premiers les dĂ©truiraient complĂštement. Si la sociĂ©tĂ© civile est faite pour l’avantage de l’homme, chaque homme a droit à  tous les avantages pour lesquels elle est faite. C’est une institution de bienfaisance ; et la loi n’est autre chose que cette bienfaisance en acte, suivant une certaine rĂšgle. Tous les hommes ont le droit de vivre suivant cette rĂšgle ; ils ont droit à  la justice, et le droit de n’ĂȘtre jugĂ©s que par leurs pairs, que ceux-ci remplissent une charge publique ou qu’ils soient de condition ordinaire. Ils ont droit aux fruits de leur industrie, ainsi qu’aux moyens de faire fructifier celle-ci. Ils ont le droit de conserver ce que leurs parents ont pu acquĂ©rir ; celui de nourrir et de former leur progĂ©niture ; celui d’ĂȘtre instruits à  tous les Ăąges de la vie et d’ĂȘtre consolĂ©s sur leur lit de mort. Tout ce qu’un homme peut entreprendre par lui-mĂȘme sans lĂ©ser autrui, il est en droit de le faire ; de mĂȘme qu’il a droit à  sa juste part de tous les avantages que procurent le savoir et l’effort du corps social. Dans cette association tous les hommes ont des droits Ă©gaux ; mais non à  des parts Ă©gales. Celui qui n’a placĂ© que cinq shillings dans une sociĂ©tĂ© a autant de droits sur cette part que n’en a sur la sienne celui qui a apportĂ© cinq cents livres. Mais il n’a pas droit à  un dividende Ă©gal dans le produit du capital total. Quant au droit à  une part de pouvoir et d’autoritĂ© dans la conduite des affaires de l’État, je nie formellement que ce soit là  l’un des droits directs et originels de l’homme dans la sociĂ©tĂ© civile ; car pour moi il ne s’agit ici que de l’homme civil et social, et d’aucun autre. Un tel droit ne peut relever que de la convention.