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  • Le problème à  trois corps

    Le problème à  trois corps

    Liu Cixin, écrivain chinois, est – de manière tout à  fait méritée – mondialement connu pour sa trilogie démarrant avec « Le problème à  trois corps ».
    Vous le savez, j’aime la science (notamment la physique), et la science-fiction. Je crois que c’est d’ailleurs mon style de fiction préféré. J’y retrouve de quoi satisfaire mon goût pour le mystère de la nature et de la matière, mystère qui se nourrit, bien sûr, de la frontière entre ce que l’on sait, et ce que l’on ne sait pas. La science-fiction se situe en général juste là , du moins la hard-science-fiction.
    Le problème à  trois corps est un formidable roman, avant tout. Les personnages, le style, les réflexions des personnages, le rythme : tout me convient. J’ai dévoré ce livre en une semaine. Je sais que je vais commander les deux suivants rapidement. Le seul problème, confirmé par une amie, c’est que c’est très explicite sur les aspects de science(fiction), et du coup un peu technique, ce qui peut être rébarbatif. Moi j’adore. Il y est même fait un clin d’oeil au superbe « Les fontaines du paradis »). Pour vous donner envie d’y plonger le nez, voici quelques éléments de résumé (résumé plus détaillé sur Wikipedia).

    Histoire d’envergure interplanétaire !

    Deux époques se côtoient à  merveille dans la narration, sans aucune complexité inutile. En 1967, une scientifique, Ye Wenjie, se retrouve embarquée de force sur un projet ultra-confidentiel de l’armée, une sorte d’antenne géante de communication avec l’espace, perchée sur une montagne au fin fond des forêts du Grand Khingan. En 2007, un scientifique de haut niveau – Wang Miao – commence à  avoir des troubles visuels (des séries de chiffres apparaissent sur sa rétine). Cherchant à  en comprendre la cause, il se retrouve recruté par l’armée pour infiltrer une étrange organisation des Frontières de la Science, qui pourrait être liée à  une vague de suicides parmi les scientifiques. Les Etats majors de tous les pays semblent être sur le qui-vive vis-à -vis d’une menace extra-terrestre.
    Je n’en dis pas plus, si ce n’est qu’en plus des personnages particulièrement bien dessinés, l’intrigue se joue avec en trame de fond une humanité qui, pour une partie, ne croit plus en rien, et pense que le salut ne pourra venir que d’une civilisation extra-terrestre, plus avancée. Il y a beaucoup de résonances dans ce thème avec les atermoiements millénaristes ou eschatologiques actuels, et cela donne de la puissance au récit. Le rapport à  la science, et donc à  la vérité, y est, c’est bien normal pour de la hard SF, également central. Superbe roman !
    Je précise enfin que c’est grâce à  Jean Clayrac (Un regard inquiet) que j’ai découvert cet ouvrage, via nos échanges sur Twitter. J’avais par ailleurs recensé son livre « Trois coups de tonnerre » ici même.

  • Les mémoires d’outre-tombe

    Les mémoires d’outre-tombe

    Cela faisait un certain temps que ce livre, ce monument, faisait partie de ma pile. C’est effectivement un très grand livre : témoignage historique incroyable, doublé d’une magnifiquement bien écrite autobiographie.

    A cheval entre deux mondes

    J’en suis à  la moitié, mais je peux d’ores et déjà  vous recommander cette lecture incontournable, véritable trésor littéraire et culturel. Chateaubriand, né dans une famille noble en Bretagne près de Saint-Malo en 1768, et mort à  Paris en 1848, a en effet vécu, et il le dit dès le début, à  cheval entre deux époques, entre deux mondes. Avant la révolution, la fin de la vieille noblesse traditionnelle, et des structures sociales qui vont avec. Après la révolution, violente et injuste selon Chateaubriand, qui s’exile en Angleterre et fait partie des mouvements contre-révolutionnaires, l’émergence d’un nouveau monde plus égalitaire, plus démocratique, et moins élevé dans ses aspirations (cela résonne beaucoup avec Tocqueville, d’ailleurs, que Chateaubriand a connu enfant). Chateaubriand est visiblement quelqu’un avec une personnalité particulière, mélancolique, sensible, très proche de la nature, très solitaire étant jeune. Il est bien sûr connu pour l’ouvrage qui l’a rendu célèbre, dès son vivant : Génie du Christianisme. Son point de vue sur Napoléon vaut le détour : à  la fois fasciné par l’homme, son envergure, mais aussi proprement effrayé de l’impact qu’il aura sur le pays, il en devient l’adversaire après l’assassinat du Duc D’Enghien (très bien documenté, d’ailleurs, dans les Mémoires).

    Génie littéraire

    J’ai été surpris à  la lecture, car c’est avant tout le talent littéraire de Chateaubriand qui s’impose tout de suite à  la lecture : la narration de son enfance, de ses rapports avec sa famille, avec la mer et la nature, sa description du voyage en bateau vers l’Amérique, révèlent un style tout simplement splendide, fluide, incroyable de puissance d’évocation. En voyage vers l’Amérique, car, oui Chateaubriand a une vie digne d’un roman. Parti découvrir le passage du Nord-ouest au moment de la révolution française, il a vécu avec des indiens, puis il a aussi combattu lors du siège de Thionville. Il a vécu dans le plus grand dénuement à  Londres, avant de revenir en France et devenir ambassadeur de Napoléon à  Rome. J’en suis au moment de ses nouveaux voyages vers l’Orient (Grèce, Asie mineure, Egypte). Il a un talent incroyable pour poser, en quelques phrases, des descriptions de personnages qui les rendent vivants et palpables.

    A lire tranquillement

    A découvrir, sincèrement, c’est un très beau livre et une vie incroyable, éclairante, poignante par moment. Impressionnant aussi, car on sent bien que Chateaubriand – il le dit d’ailleurs – s’il enjolive un peu l’histoire pour la raconter, est fidèle à  sa vérité philosophique et spirituelle, et y a mis une énergie incroyable. On apprend au détour d’un passage qu’il écrivait parfois plus de 12 heures par jour, capable de passer un temps incroyable à  raturer, réécrire, parfaire son ouvrage. Il avait visiblement ses manuscrits avec lui sur le champ de bataille. Cet engagement total se voit dans le résultat : de majestueux et vivants mémoires [1][1] d’outre-tombe, parce que le projet initial était de les publier seulement 50 ans après son décès, mais son dénuement en fin de vie, exilé de l’intérieur, l’a conduit à vendre les droits de ce livre à une Société qui a décidé de les publier dès sa mort. Elles restent pour nous d’Outre-tombe. Et il faut souligner, enfin, que même la construction est intelligente : au début de chaque chapitre, il note la date et le lieu d’écriture, ce qui le conduit parfois à  faire de brefs éclairages sur le « futur » de son récit. Très intelligent mélange entre les souvenirs et le présent, qui donnent de l’épaisseur au personnage.

  • Les sauveurs criminels

    Les sauveurs criminels

    Il y a un tel effondrement du pays qu’il est difficile de rester serein. Entre le peuple qui n’a plus l’esprit critique pour résister au déferlement de semi-vérités, de faussetés, de mensonges, d’histoires que l’on fait passer pour des faits, et la caste politico-médiatique qui les produit et se moque ouvertement de nous, il y a de quoi désespérer. Charles Gave a raison, il n’y a que trois possibilités concernant nos dirigeants : soit ils sont incompétents/imbéciles, soit ils ont un plan caché inconnu de nous, soit ce sont simplement des crapules qui nous volent. Il n’est pas exclu que ce soit un savant mélange des trois à  la fois, selon les personnes et le contexte.

    Je voulais utiliser le titre « pompier pyromane », mais ça ne collait pas. Un pompier qui met le feu a les moyens de l’éteindre. Macron et sa clique de beaux-parleurs n’ont pas les moyens de stopper les problèmes qu’ils créent. Mais ça ne l’empêche pas de continuer les effets de manche pitoyables, ridicules, en jouant à  chaque fois du même mécanisme : j’agite une peur, une catastrophe, j’utilise les serviles caisses de résonance médiatiques pour marteler le message et amplifier l’émotion, et puis je me présente comme un sauveur supposément rationnel. Oh : ce n’est pas le seul bien sûr à  faire cela. Mais depuis son début de règne, il faut reconnaitre qu’il fait très fort. Soit les dangers sont de faux dangers, soit les solutions apportées sont ridicules…

    En guerre contre le COVID : deux ans d’aberrations en tous genres, dont nous n’avons pas fini de comprendre les ressorts. En guerre contre le réchauffement climatique : prenant la suite de ses minables prédécesseurs, il a acheté les voix des écolos en enclenchant la destruction de notre parc nucléaire pour des moulins à vent.En guerre contre le réchauffement climatique : prenant la suite de ses minables prédécesseurs, il a acheté les voix des écolos en enclenchant la destruction de notre parc nucléaire pour des moulins à  vent. En guerre contre le méchant Poutine : tout est bon pour se donner une stature présidentielle, et après les mises en scènes de pré-campagne, on ne peut que constater toute l’étendue de l’absence de stratégie diplomatique, qui se résume à  des coups de menton. En guerre contre la pauvreté et les inégalités : fabriquons donc de la monnaie et endettons-nous comme des malades sans investir, ça va être être probablement efficace pour gérer l’inflation. En guerre contre l’insécurité : mettons un wokiste à  l’Education Nationale, ça va forcer les racailles défrancisées à  rentrer dans le rang.

    Faux dangers

    Nous n’avons pas le pouvoir de changer cela. Nous pouvons par contre rester lucides et fermes sur la vérité, en commençant par réfuter les supposés désastres dont ces « sauveurs criminels » prétendent nous protéger. Le COVID ne méritait pas tout le délire que l’on a monté dessus. Les chiffres sont là , pour qui veut les voir. Les vaccins n’ont probablement pas servi à  quoi que ce soit, à  part peut-être pour les plus fragiles. Les confinements étaient inutiles, et contraire à  nos principes. La planète n’a pas être sauvée : le CO2 n’est pas un polluant, et il n’y pas de corrélation établie entre les niveaux de CO2 et la température de la planète. Encore moins si l’on considère le CO2 anthropogène. Les conflits entre la Russie et l’Ukraine ne nous concernent pas en direct, et il est ridicule de s’y jeter comme si nous n’avions pas à  défendre d’abord et avant tout nos intérêts. On peut condamner l’invasion de l’Ukraine, tout en rappelant le non-respect des accords de Minsk par les Ukrainiens. On peut réfléchir sur le sujet, sans avoir à  être supporter d’un ou l’autre de ces pays. On a bien le droit de préférer des manoeuvres de négociations ramenant la paix, plutôt que l’escalade vers une guerre élargie qui détruirait toute possibilité d’une vraie Europe.

    Irresponsables

    Toutes ces peurs agitées, toutes ces décisions absurdes prises par des gens déconnectés de leur peuple, minent le peu de confiance qui reste envers les institutions. Car, ne nous trompons pas : ils ne rendent jamais de compte à  personne, ni de leur mensonges, ni de leur incompétence, ni de leurs fautes stratégiques. Les maigres contre-pouvoir que je croyais en place ont montré à  plusieurs reprises qu’ils ne jouaient pas leur rôle. Les médias sont pour la plupart achetés par le pouvoir, soit financier, soit politique, et main dans la main avec les plateformes de réseaux sociaux cachent une partie du réel, au lieu de le montrer pour pouvoir l’analyser. Le Parlement ne contrôle pas l’action du gouvernement, ni le Sénat. Le Conseil constitutionnel sert de chambre d’enregistrement et de validation des conneries des autres. Toutes ces illustres sommités modifient la Constitution comme s’il s’agissait d’un vulgaire texte règlementaire : pas étonnant qu’on n’en respecte plus l’esprit. L’affaissement moral est profond : le mensonge et l’idéologie sont devenus les règles de la communication, l’irresponsabilité est devenue la règle de l’action. Ils ne seront jamais jugés. La justice a déjà  du mal à  condamner des racailles multirécidivistes étrangères, comment pourrait-elle s’attaquer à  un ministre de la santé véreux ? L’affaissement moral est profond : le mensonge et l’idéologie sont devenus les règles de la communication, l’irresponsabilité est devenue la règle de l’action. Espérons que cet affaissement n’est pas inexorable. Formons nos enfants à  l’esprit critique, et préparons-nous pour des temps difficiles, crépusculaires.

    Le pauvre peuple ronge son frein. Ces faux sauveurs, mettant en scène de faux dangers, sont de vrais criminels, qui détruisent le pays, et nuisant à  l’intérêt de la Nation. Rien que la loi de fermeture de 12 réacteurs nucléaires devrait conduire ses auteurs et promoteurs à  se faire lourder, car elle est bâtie sur des foutaises intellectuelles, des billevesées pseudo-scientifiques. Qui peut entamer une procédure de destitution de Macron ? Maxime Tandonnet a raison : cela rappelle bien malheureusement que nous ne sommes pas sorti de l’état d’esprit décrit par Marc Bloch dans L’étrange défaite, ou par Pierre Mari dans En pays défait. Nos « élites » sont minables, et anti-patriotiques.

  • A la recherche du réel

    A la recherche du réel

    J’avais lu ce livre de Bernard d’Espagnat (« A la recherche du réel ») pendant mes études. Et je l’ai ressorti cet été car, écrivant un essai sur le thème du réel, en lien avec le découpage de Karl Popper, il m’a paru naturel, vu son titre, de m’y replonger.

    Je précise que c’est un livre de physicien, passionné de philosophie, et qu’il est à  destination d’un public plutôt averti. Il n’y pas d’équations dans le livre, mais les concepts manipulés ici nécessitent d’avoir un petit bagage scientifique. Le livre est centré, comme le rappelle la préface enthousiaste d’Etienne Klein (qui a connu Bernard d’Espagnat, et co-écrit un livre avec lui), sur la controverse entre Einstein et Bohr. Il s’agissait pour les physiciens, au moment des premiers succès de la mécanique quantique, de comprendre les implications philosophiques de cette théorie si efficace à  décrire une partie du réel, mais apportant des idées et des concepts radicalement contre-intuitifs. Pour ceux qui veulent en savoir plus, et comprendre comment dans les années 60 John Bell sur le plan théorique, et Alain Aspect et al. sur le plan pratique ont tranché dans ce débat, je recommande d’aller voir les vidéos et l’interview d’Alain Aspect que l’on peut trouver sur Sciences Etonnantes.

    S’appuyant sur ce thème, Bernard d’Espagnat en profitait pour apporter une réflexion profonde sur le « réel », et la capacité de la science à  la saisir. Il a forgé à  cette occasion le concept de « réel voilé » pour illustrer le décalage systématique entre l’Etre tel qu’il est, et nos modèles, descriptions, théories, langages qui ne sont capables que de décrire une partie des phénomènes (mais avec quelle efficacité parfois!). Je ne rentre pas dans la discussion à  proprement parler, car elle fera l’objet d’un chapitre de mon essai. Je recommande ce livre très riche, passionnant, et qui m’a permis d’ajouter dans ma collection, entre autres, cette magnifique citation de Pascal :

    Je ne dispute jamais du nom, pourvu qu’on m’avertisse du sens qu’on lui donne.

  • Citation #148

    La franchise ne consiste pas à  dire ce qu’on pense, mais à  penser ce qu’on dit.

    Coluche (Michel Colucci, dit) (1944 – 1986) humoriste et comédien français

  • Le journal d’Anne-France

    Le journal d’Anne-France

    « Le journal d’Anne-France » est un petit bijou de Romain Guérin. Un roman court, nerveux, inspiré, original et classique, actuel et intemporel. Il s’agit de l’autobiographie fictive d’Anne-France (retrouvée morte chez elle devant son ordinateur, ouvert sur cette autobiographie, magistrale mise en scène d’introduction au passage). Au travers de cette femme, morte seule et démunie, c’est toute l’histoire du 20ème siècle, de ses transformations et de ses drames que l’auteur raconte, par petits morceaux, comme un kaléidoscope. Anne-France, qui termine sa vie seule, a eu une magnifique histoire d’amour éphémère avec celui qui sera le père de son fils unique, lequel meurt au final pendant la guerre d’Algérie.
    J’ai piqué l’image qui illustre l’article sur l’excellente chaîne TVLibertés, qui a interviewé Romain Guérin à  propos de ce livre justement.

    Créativité et romantisme

    Le ton du livre est très original, car il mêle un style classique, un regard plutôt moderne et un rythme enlevé. J’ai beaucoup aimé les morceaux de poèmes qui sont présent un peu partout dans le texte (car Anne-France est passionnée de poésie), et les citations qui traînent partout également. Le petit carnet qu’Anne-France retrouve, contenant des notes, aphorismes, poèmes et graphismes de son mari est également plein de créativité, et bouscule les codes de la mise en page.
    Ce sont deux magnifiques histoires d’amour que nous livre Romain Guérin, et elles sont bouleversantes. L’une est celle d’un couple improbable, d’une vendeuse poète et d’un rebelle timide, amour fou, tragique, passionné et absolu. Et l’autre est l’histoire d’amour d’Anne-France, et de l’auteur, pour une France qui disparait peu à  peu sous la violence, le mensonge, le manque de liens sociaux et d’héroïsme. Anne-France, symbole d’une France déclassée, populaire sans être dénuée de culture, réduite à  la pauvreté la plus crue, abandonnée, écrit son journal, avant de mourir, pour ne pas perdre la raison, et continuer à  trouver un sens à  une existence devenue tristement solitaire.
    J’ai été très touché par l’histoire et les personnages, plus vrais que nature, tout en étant très originaux. Cette histoire tragique, belle comme un poème, terrible, rend un très bel hommage à  tous les oubliés, à  tous les petits, à  ceux enfin qui gardent du bon sens, et le sens de l’honneur, malgré le rouleau compresseur des progressistes devenus fous d’hybris, et brisant toutes les limites. Un auteur à  découvrir, vraiment.